Catégories
Coup de coeur

Coup de cœur : « Du cœur à l’outrage » – La Rumeur

Régulièrement, nous vous délivrerons un petit billet sur un des albums qui a marqué l’un des membres de l’équipe, quelle que soit son année de sortie. On commence avec un album de la Rumeur: « Du cœur à l’outrage » sorti en 2007.

« Bruit confus de voix qui protestent… », c’est une des définitions du mot Rumeur.

Aucun autre nom ne saurait aller aussi bien à ce groupe protestataire, à mon goût pas assez exposé, qui sévit dans le rap français depuis les 90’s.

Avec « Du cœur à l’outrage », Ekoué, Hamé, Philippe aka Le bavard et Mourad alias Le Paria ne sont pas là pour faire dans la concession ! Pas de demi-mesure : ce n’est surtout pas l’ombre d’un regain de tension !

L’ambiance est tendue ! L’ambiance musicale de l’album également. Les instrus de ce projet seraient une parfaite BO pour une balade nocturne dans le Pigalle « pré- Hidalgo », cet endroit où « la lune révèle le vrai visage des gens ».

Mais la violence n’est pas seulement instrumentale, elle est aussi verbale. Ce n’est pas pour rien que les autorités françaises s’étaient senties offusquées et avaient porté plainte pour « agression textuelle » en 2002 ! Et le groupe n’a pas baissé le pied pour ce disque !

Si vous vouliez un album qui vous redonne foi en l’humanité, vous n’avez pas frappé à la bonne porte. Le discours est froid, désabusé : C’est le plaidoyer d’une « bande ethnique » dont l’encre qui sort du stylo est radioactive « comme de l’uranium ».

Des textes portés par des flows ralentis pour que l’auditeur ait le temps de visualiser les tableaux des auteurs, ces « natures mortes » qui dépeignent des « douleurs fortes » et des rancœurs tenaces.

Des ressentiments envers la Françafrique et les restes de la colonisation. Mais « qui ça étonne encore » de la part d’un groupe qui a toujours dit faire du « rap de fils d’immigrés » ?

Car n’en déplaise à Mr Zemmour, le rap n’est pas une sous culture d’analphabètes et d’illettrés et le groupe du 18ème en est la preuve vivante.

L’album est aussi empreint d’une colère envers les institutions et la stigmatisation:

« Je suis une bande ethnique à moi tout seul,

C’est écrit sur ma gueule.

Voyou, barbare, intégriste, casseur, terroriste, salopard, sauvageon…

Est-ce que le compte est bon ? »

L’exaspération envers les systèmes de consommations et bancaires est également palpable :

« Les suceurs de sang jurent fidélité

A Total, Accor, Bouygues, Bolloré,

Le fond de l’air est luxembourgeois,

Le cachet du Quai d’Orsay faisant foi. »

Les bons mots envers la police ont toujours leur place, même si sur cet album, la meilleure des polices est invisible et fait « garder le goût de moisir à crédit dans un putain d’trou! »

Certains pourront dire que La Rumeur ne sert que des brûlots mais comme pour les banlieues:

« C’est ni le pied ni la gloire quand tout crame,

C’est même pas une réponse à la hauteur du drame,

Mais c’est comme ça, c’est tout, c’est tout ce qui reste… »

C’est en tout cas une réponse à la hauteur de ce que l’on attend d’un album de rap dit conscient. Car oui, « la Rumeur » est engagée et ne demande qu’à ne plus être ce bruit confus et à peine perceptible ! La contestation est là, et l’équipe de Paris Nord en est le haut-parleur!

14 ans après, c’est toujours un plaisir d’écouter cet album « tiré d’un polar en en noir et blanc » comme le dirait Ekoué.

2 réponses sur « Coup de cœur : « Du cœur à l’outrage » – La Rumeur »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *