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Paris 18ème : Terre de Rap

Bien avant l’ère du streaming et l’explosion d’internet, être un fervent auditeur de rap était une condition marginale. Il était presque mal vu d’écouter cette musique venu d’outre Atlantique et qui ne collait pas aux standards de la musique française ! Les personnes qui pouvaient se permettre de pratiquer cet art résidaient le plus souvent dans de grandes métropoles plus ouvertes d’esprit telles que Marseille ou Paris. 3 arrondissement de la capitale étaient des bassins de rappeurs: le 13eme, le 19eme et le 18ème. Ce dernier, arrondissement cosmopolite par excellence, mêlant quartiers populaires, vie nocturne et lieux touristiques a hébergé et abrite encore bon nombre de rappeurs historiques. Focus sur certains d’entre eux, des précurseurs des années 90 à la relève actuelle.

Assassin, les pionniers

Le groupe formé de Rockin’squat et Solo qui seront plus tard rejoints par DJ Clyde et Doctor L, est un des groupes précurseurs du hip hop en France. Squat et sa bande auront toujours tenu un discours très engagé socialement et politiquement prenant la défense des laissés pour compte.

Se revendiquant comme un « poulbot du 18ème » et un citoyen du monde, le frère de Vincent Cassel n’a cessé de transmettre des valeurs acquises au sein de la mixité sociale du 18 et ouvert la porte à de nombreux rappeurs de la capitale. Toujours actif, Rockin’squat sortira prochainement un nouvel album intitulé « Prison Planet » disponible le 11/09/2021.

La Scred Connexion, le 18 dans la peau…

L’équipe qui n’est « jamais dans la tendance mais toujours dans la bonne direction » est peut être le groupe de rap le plus enraciné dans le 18ème. Véritable habitués de Barbès, ils sont de ceux qui décrivent le mieux la vie de résidents des quartiers populaires en racontant leur arrondissement et ses problèmes en allant de la goutte d’or à Château rouge en passant par « Bezbar ».

Si Mokless, Haroun, Morad et Koma sont moins actifs en terme de sorties discographiques, ils restent néanmoins parmi les grands activistes du rap français et en particulier indépendant avec leur Scred Boutique qui a pignon sur la rue Marcadet mais aussi avec le Scred Magazine.

…La rumeur, le 18 dans le coeur.

Si Ekoué, Le Bavar et Mourad sont originaires d’Élancourt et Hamé du 66, plusieurs membres ont emménagé dans le quartier de Pigalle dans les années 90. Ils sont donc parisiens d’adoptions mais surtout de cœur. Leur statut de rappeurs du 18ème n’est absolument pas à remettre en question surtout lorsque l’on sait qu’Ekoué a commencer sa carrière dans le giron du groupe Assassin et que leur premier concert a eu lieu au Folie’s Pigalle avec la Scred.

Pratiquants de ce qu’ils nomment du « rap de fils d’immigrés », engagés, fervents défenseurs des classes populaires et des habitants des banlieues, ils sont de ceux qui racontent le mieux le 18ème qui se transforme d’arrondissement touristique en haut lieu de la vie nocturne et crapuleuse. Auteurs d’albums incroyable tel que « Du cœur à l’outrage » pour ne citer que lui, on attend avec impatience leur prochain opus.

Flynt, représentant de Paris Nord

Le nom de Flynt doit être absolument cité lorsque l’on évoque les rappeurs du 18ème. Ce pur produit du « Paris Nord Sale » a avec son premier album « J’éclaire ma ville » ,dont on vous parlait ici, obtenu la reconnaissance du public rap.

Tout chez Flynt ramène à l’école du rap du 18ème, que ce soit son écriture, son flow ou le contenu de ses textes. Il est indéniable que Flynt a trainer ses guêtres dans les moindres recoins de l’arrondissement et fait parti des meilleurs représentant de son quartier d’origine.

JP Manova, l’homme de l’ombre

Celui que l’on surnommait le «secret le mieux gardé du rap français » est lui aussi un pur produit du rap du 18ème. Véritable couteau suisse, il est à la fois producteur, ingé son et rappeur!

Après avoir participé à plusieurs projet comme les liaisons dangereuses de Gyneco , « J’éclaire ma ville » de Flynt où la compil « Explicit Dix huit » , il sort enfin son premier album « 19h07 » en 2015. Un album unanimement salué par la critique pour sa qualité!

Hugo TSR, le disciple

Difficile également de ne pas citer Hugo TSR. Héritier du rap façon 18ème et de l’époque Boom Bap, il relate son quotidien et celui des siens dans les quartiers qui entourent la butte Montmartre. Tout le contexte sociale de son arrondissement y passe.

Si beaucoup lui reprochent de tourner en rond dans ses propositions musicales, il fait preuve d’une authenticité et d’une sincérité qui lui permettent de bénéficier d’une solide fan base.

Georgio, l’écorché vif

Né dans le 93, Georgio a grandit dans le 18ème. Nourrit aux sons de Flynt ou du TSR crew qu’il affectionne particulièrement, il est bien sûr très influencé par cette fameuse école. Et cela se ressent dans son écriture…du moins dans la forme! Dans le fond, Georgio fait beaucoup plus dans l’introspection.

Tout en étant donc dans la continuité de ses aînés de Paris Nord, il apporte une certaine modernité lui permettant de toucher un public plus large tout en proposant des choses de qualité comme son dernier album « Sacré » sorti cette année.

Sopico, l’électron libre.

Sopico, membre du Dojoklan et anciennement de la 75e session est un rappeur un peu à part dans le paysage actuel. Véritable Kickeur à la base, celui qui ne se sépare jamais de sa guitare a su créer son propre univers fait de chant, de rap pur et de prods hyper travaillées.

En signant sur le label Spookland, « Pico » a pu laisser libre cours à sa créativité et nous pondre un EP délicieux avec « Ëpisode0 ». Et tout récemment, il a mis le feu à la toile avec le clip incroyable de « Slide », premier extrait de son album « Nuage » qui sortira le 15 octobre.

Guy2Bezbar, la relève

Vu son nom de scène, inutile de préciser que le rappeur signé sur le label de Lacrim est profondément attaché à son quartier. Si il représente lui aussi le 18, la rupture en terme de proposition rapologique est réelle avec ses prédécesseurs.

Son rap est beaucoup plus musclé et moins engagé socialement que celui de ses aînés. Auteur de plusieurs prestations remarquées récemment, celui qui aurait pu faire une carrière de footballeur est digne d’être le nouveau porte étendard du rap made in 18ème.

2 réponses sur « Paris 18ème : Terre de Rap »

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