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REMZ: « Itinéraire d’un écorché vif »

A l’occasion de notre concours Open Track Saison 2, nous avons rencontré un beat maker canadien de talent, qui a accepté de nous offrir deux de ses prods à exploiter pour les participants. Découvrez Remz, cet artiste autodidacte et touche-à-tout doté d’un grand cœur, qui nous livre ici son autobiographie.

MISE EN CONTEXTE:

À cette époque, j’éprouvais beaucoup de difficultés dans mon travail en tant que comptable pour une société de restauration et traiteur. Pour dire vrai, je n’avais jamais été fort en mathématiques mais l’organisation et la bureautique par contre… J’étais assez doué pour avoir réussi mon cours et en 2017 j’ai reçu mon diplôme professionnel. Donc cet emploi en comptabilité ne me rendait pas heureux, et puis y’avait aussi ma relation de couple qui éprouvait quelques difficultés.

MA DÉCOUVERTE POUR LE BEATMAKING:

Lors de l’été 2019, je suis tombé sur une vidéo YouTube produite par Simon Servida intitulée « 4 Producers 1 Sample ». La formule était simple, un échantillon musical est analysé par 4 mecs et ils en font une prod chacun leur tour. À cette époque, je n’avais aucune idée de ce qu’était la production musicale sur une station de travail audio digitale (DAW).

J’étais complètement fasciné de voir comment des mecs dans le début vingtaine arrivaient à produire chez eux, une musique de la même qualité que ce qu’on peut entendre venant de l’industrie musicale. J’ai eu instantanément la piqure et c’est durant ce même été que j’ai réellement développé la plus forte passion que j’ai jamais vécue.

J’ai donc vogué d’une vidéo à l’autre avec une fascination immense pour tout ce qu’il était possible d’accomplir. Il faut savoir aussi qu’à la base, moi je suis ce qu’ils appellent un « metal-head ». Le hip-hop j’en écoutais pas énormément et lorsque ça arrivait, c’était presque exclusivement du Trap américain. Mes connaissances sur la culture hip-hop et ses origines étaient et sont toujours, très minces. Mais mon amour pour les jeux de rythmique et les percussions est si grand que je n’ai jamais été pris dans le piège de n’écouter qu’1 ou 2 styles musicaux. C’est réellement la rythmique super lente et la basse percutante de la Trap américaine qui m’ont aidé à entrer dans l’univers du Hip-Hop.

À l’automne 2019 j’avais donc acquis une certaine base de connaissances sur ce qui fait l’essence du Trap et quelques connaissances sur la théorie musicale appliquée dans les logiciels de production.

Mais c’est en découvrant les vidéos tutoriels d’un mec nommé « Chu » que j’ai véritablement développé un désir pour moi-aussi commencer la production. Il avait un réel don pour rendre tout ça compréhensible et applicable pour n’importe qui. À cette époque, mon meilleur pote avait déjà débuté la production musicale orchestrale et s’achetait constamment du nouveau matériel. C’est grâce à lui que j’ai donc eu accès facilement à mon premier contrôleur MIDI et mes premières enceintes audio de références.

En novembre 2019 j’étais équipé d’un contrôleur AKAI MPK Mini, de moniteurs EDIROL M4-7A et d’écouteurs Audio Technica ATH-M50X. Puis le mois suivant je téléchargeait une version démonstrateur du logiciel Fruity Loop Studio!

Tous ceux qui font de la productions musicale vous le diront, au début, y’a de quoi virer fou avec toutes les possibilités qu’offrent ce genre de logiciels.  Mais j’étais motivé par quelque chose que je n’avais jamais réellement eu avant, une véritable passion. Il est important pour comprendre mon degré de motivation, de savoir que depuis mon adolescence j’étais un dépressif fonctionnel (non diagnostiqué) et un véritable nihiliste de l’école du « L’humain est un parasite alors à quoi bon ». La source étant mon mécontentement face à mon incapacité à trouver ce en quoi j’étais doué, mes changements multiples de carrières infructueuses et un mauvais diagnostique de Rétinite pigmentaire en très jeune âge, ayant façonné ma progression académique puisque selon les médecins, je perdrais la vue entièrement avant la quarantaine.

J’étais jusqu’à ce jour, un mec qui passait tout son temps libre dans les jeux vidéos, chose qui en soit n’est pas destructrice sauf si on est du genre à remettre en question sa place dans l’univers et ses accomplissements. La musique par contre, avait été accompagnatrice de chacune des étapes de ma vie, au moins d’être nécessaire à ma santé  mentale. Écouter de la musique peut offrir le réconfort, mais tout le monde peut le faire donc ce n’est pas un truc dont on peut tirer fierté.

Découvrir la production musicale a donc eu le rôle d’une main qui se tendait vers moi et semblait m’offrir une raison d’être. Et c’est avec cette nouvelle flamme, que j’ai commencé à m’amuser avec la production.

Mes expériences musicales passées se trouvaient dans la guitare (1 an dans la pratique de la guitare Flamenco) et le piano (1 an de cours à l’adolescence).

J’avais donc un peu de connaissances théoriques mais une passion nouvelle qui m’a donné la force nécessaire afin de délaisser progressivement les jeux vidéos et utiliser tout ce temps afin d’écouter des tutoriels sur tout ce que Fruity Loop Studio avait à offrir.

LE DÉBUT DE MA CARRIÈRE:

En janvier 2020, je réussissais enfin à compléter une composition instrumentale de type Trap, car oui j’avais déjà créé plusieurs compositions dans les précédents 2 mois, mais je n’en avais terminée aucune avant ce jour. À cet instant, j’ai vu le piège devant moi; avoir peur des réactions négatives, perdre confiance et repousser à demain le jour où je révélais ma nouvelle passion et ma première composition. J’ai donc décidé d’ouvrir un compte sur la plateforme Beatstars et j’ai aussitôt publié mon premier instrumental nommé « ASSASSIN ».

J’ai eu droit aux encouragements familiaux et de mon cercle d’amis(es) mais c’est surtout mon frère William qui m’a rassuré que j’avais un réel potentiel. Son avis valait beaucoup plus cher que les autres car William est non seulement un fan de hip-hop depuis son plus jeune âge mais il a eu ses débuts en tant qu’artiste interprète et compositeur quelques années auparavant. Armé de cette motivation, j’ai passé heures après heures à créer de nouvelles compositions, allant parfois à passer jusqu’à 20h sur une seule production.

15 février 2020, c’est le drame au lendemain de la fête de la St-Valentin. Ma copine avec qui j’étais depuis 2 ans et qui partageait avec moi un appartement, m’apprenait qu’elle ne m’aimait plus et que nous devions rompre. Ce fût un réel coup émotionnel car de mon côté, je l’aimais encore passionnément. Nous venions tout juste de renouveler le contrat d’habitation de notre logement, et n’ayant pas les moyens de changer de logis j’ai donc transporter mes possessions dans la petite chambre que nous avions pour les invités en séjour chez nous. En d’autres circonstances, j’aurais probablement sombré d’une façon fulgurante vers une nouvelle phase de dépression mais j’avais quelque chose pour me tenir la tête hors de l’eau, la musique.

Mars 2020, l’annonce internationale d’une pandémie pousse les autorités locales du Québec où je réside, à fermer les commerces et à demander à la population de rester chez elle pour quelques mois. Étant comptable pour une société de restauration ayant son restaurant principal dans la plus grosse zone touristique à Québec, c’était évident que je n’aurai pas d’emploi pour un bon moment. Pour la majorité de la population, cette pandémie aura eu un effet dévastateur voir mortel, pour ma part, elle aura été l’occasion quasi-miraculeuse de me saisir de ma destinée.

D’un coup, je me retrouvais sans obligation professionnelle et amoureuse, avec mes chats et ma personne comme étant les seuls dont je devais m’occuper. J’avais donc le champ libre pour passer un nombre inimaginable d’heures dans la musique, et c’est ce que j’ai fait.

J’ai progressé à une vitesse telle que mes proches étaient bouche-bée d’entendre ce que j’arrivais à produire comme musique. Et au même moment, je décidais d’apprendre aussi à faire moi-même mes visuels pour présenter ma musique. Je devenais peu à peu, un artiste compositeur autant avec Fruity Loop Studio qu’avec Adobe After Effects.

Armé d’un tableau agissant comme calendrier, je prenais note de chaque jour où j’arrivais à accomplir quelque chose de nouveau. J’avais donc la possibilité de voir en temps réel mes accomplissements, chose qui m’échappait jusqu’à ce jour. Et graduellement, je prenais goût à la vie, une vie qui me semblait jadis inutile et incompréhensiblement sans goût.

Désormais, elle était illuminée par mon désir de progresser et d’avoir quelque chose dont je pouvais être réellement fier! Et j’ai aussi eu la chance de croiser quelques artistes qui avaient un réel et honnête désir  de m’aider à atteindre un son professionnel. Principalement Kriss Hart (Kriminelomike), un artiste hip-hop français et propriétaire de nombreux studios dans sa vie. Ce mec m’a aidé à sortir de ma zone de confort et m’aventurer dans des sonorités hip-hop traditionnelles et afro-trap, chose que je n’aurais surement pas fait par moi même si tôt dans ma carrière. Je lui serai toujours reconnaissant de son passage dans ma vie! Et si je devais citer quelques noms de mecs ayant aussi été d’une grande aide dans ma progression je dirais sans aucun doute l’artiste français Stofkri, le sud-africain Ji99a6oo et les américains Nauseous, Bam et Yoshi Jae qui m’ont aidé à peaufiner mes techniques.

Et je me retrouve donc ici, 1 an et demi plus tard avec ma chaîne Youtube sur laquelle se trouvent plus de 350 vidéos. J’ai atteint un niveau de qualité et de professionnalisme qui m’ont permis de me faire connaître auprès d’artistes américains et français émergents ainsi que de ma scène hip-hop locale, laquelle occupe désormais 80% de mon temps.

J’ai mon nom de rattaché à au moins une trentaine de chansons sorties officiellement dont certaines comme « She Loves Me » et « Static » de l’artiste américain « Bam » ont eu du succès à l’internationale. Et maintenant je travaille avec des artistes locaux super talentueux tels que « RIP » et « AKXL » au Québec, ma ville. L’avenir est d’un positif palpable pour moi, et la dépression semble être chose du passé car pour la première fois, elle ne s’est pas pointé du nez à la moindre difficulté.

Rémy Dufresne

REMZ Productions 4 juin 2021

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