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« WILD STYLE »: Un témoignage pour l’éternité

Hip-Hop et cinéma ont toujours fait bon ménage. Le mariage entre les deux est une évidence de nos jours, tant le monde s’est ouvert à la culture Rap, qui est très fortement ancrée dans notre société actuelle, et devient par là même une culture dominante, notamment musicalement, de l’occident. En 1982, Charlie AHEARN, artiste multifonction new-yorkais, cinéaste, réalise un ovni filmique. « WILD STYLE », un film ? Non, bien plus. Un témoignage sur l’émergence de la culture Hip-Hop. Quiconque écoute du rap, graffe, danse, scratche se doit de voir cette œuvre.

Hip-hop et cinéma, une rencontre inévitable

Nombres de réalisateurs ont fait appel à de célèbres rappeurs et/ou producteurs, pour la réalisation des bandes originales de leurs films, que ce soit des soundtracks collectifs, à l’image de la BO de « Menace II Society » des frères Hugues sortie en 1993, ou celle mythique de « Ghost Dog » confiée par Jim Jarmush au seul RZA, en 1999 (BO exceptionnelle et trop méconnue à mon avis).

L’exubérance, la théâtralité, la personnalité forte des artistes rap sont des caractéristiques qui les ont, aussi, poussé, devant la caméra avec des fortunes diverses, comme Joey Starr en France (excellent, tant la palette de son jeu est étoffée), Kaaris (no coment), Common, 50 Cents, Method Man, RZA, Ludacris… Mais aussi derrière, avec des films comme « Comment c’est loin », en 2015, de Orelsan (co-réalisé par Christophe Offenstein), ou « The man with the iron fists » de RZA (encore) sorti en 2013.

Les films sur le Hip-hop sont aussi très nombreux, que ce soit des fictions, comme « 8 mile », sur les débuts de Eminem, ou « Straight outta Compton », qui retrace l’histoire de NWA; ou bien des documentaires: en docu-série comme l’excellent « Hip-hop evolution », disponible sur Netflix, ou en films documentaires, comme la curiosité « Scratch » sortie en 2001, sur l’art du deejaying (à noter, les frères Hugues à la production)

« Wild Style »: Les pionniers

On peut donc voir, que le rap, le Hip-hop dans son ensemble, et le cinéma ont trouvé, au fil du temps, des points d’ancrages forts, ces deux mouvements artistiques s’entrelaçant régulièrement dans les salles obscures. Mais quid de « WILD STYLE », me direz-vous? Et bien « WILD STYLE », c’est un peu de tout ça. Sans exagérer. Une fiction flirtant avec le documentaire, un documentaire lorgnant vers la fiction? Difficile à déterminer, tant on marche sur le fil du rasoir entre les deux genres, tout au long des 1h22 du film.

 » J’ai fait le film avec Fab Five Freddy et on voulait vraiment faire un film qui raconte l’histoire du Hip-Hop à New-York, qu’il soit à l’image du mouvement, qu’il fasse authentique et qu’il retranscrive la passion et l’énergie de ce qu’on voyait. Je voulais aussi un film que les ados iraient voir à Times Square, qu’il soit accessible, comme un film de Bruce Lee. Un film qui raconte une histoire dans laquelle les gens pourraient se retrouver. »

Charlie Ahearn, réalisateur du film
Charlie Ahearn et les Fantastic freaks sur le tournage

Et c’est réussi! Remettons dans le contexte, nous sommes en 1982, la culture hip-hop en est à ses balbutiements. Le succès commercial est au rendez-vous, la tournée des festivals fait voyager le film, une avant première au Japon, une projection au festival des films du monde de Montréal, et voila la culture hip-hop projetée aux yeux du monde entier.

Un hommage à la culture hip-hop naissante

Tourné intégralement dans le Bronx, nous suivons tout au long du film le héros Zoro (Lee Quinones), dans ses pérégrinations de graffeur. Le réalisateur part à la découverte d’un quartier et d’une population, considérée à l’époque comme la classe sociale des laissés pour compte, où la culture n’avait pas lieu d’être. Et pourtant c’est là, que va naître et se développer la culture Hip-hop, alimentée par la vie dans les rues de ce quartier, par la violence de la société, mais aussi par l’envie de s’en sortir, de partager, de faire changer les choses. Charlie Ahearn et Fab Five Freddy (crédité en tant que scénariste), s’en veulent les témoins et apportent leur pierre à l’édifice en amenant le hip-hop au cinéma.

Fab Five Freddy

« Il est temps que l’on fasse de la pub pour le rap. Les rappeurs, les danseurs, nous qui faisons de l’art dans le métro, avec nous tout devient beau… »

Phade (Fab Five Freddy), personnage central du film apprenant la venue d’une journaliste

Toutes les facettes de la culture hip-hop sont passées en revue dans le film: le Graff, la danse, le deejaying, le rap: Battle de rap en club ou tout simplement dans la rue, sessions de graffitis sauvages ou commandées, set de DJ, battle de danse, concert rythment le film du début à la fin. Et plus encore, ce que nous montre le long métrage, c’est à quel point tout ces éléments étaient intimement liés entre eux, à cette époque, à quel point chaque branches du hip-hop appartenaient à un seul arbre, se nourrissaient des mêmes racines. Ces liens, qui à mon avis, se perdent aujourd’hui, pour le grand public, mais pas seulement. Une interrogation intemporelle du mouvement est aussi très présente tout au long du film: Le Hip-hop doit-il rester underground ou s’ouvrir à la commercialisation? Question qui a traversé les décennies d’existence de cette culture.

L’ensemble du casting se compose exclusivement d’artistes de l’époque, ce qui renforce l’aspect documentaire et témoignage de l’œuvre. On retrouve notamment Lee Quinones et Lady Pink, graffeurs reconnus aujourd’hui mondialement, Fab 5 Freddy, graffeur, mais aussi connu pour être un des présentateurs de l’émission culte « Yo! MTV Raps », Les DJ Grandmaster Flash et Grandmixer D. XT, Le Rock Steady crew, collectif de danseurs hip-hop, et enfin des rappeurs comme Busy Bee Starsky, Queen Lisa Lee of Zulu Nation, The Cold Crush Brothers, Double Trouble, The Fantastic Freaks (Groupe de Grand Wizard Theodore, considéré comme l’inventeur du scratch)…, et bien d’autres pionniers de cette culture.

Alors, que le Hip-hop n’est plus considéré comme une niche, que le rap est la musique la plus écouté dans le monde, par toutes les classes sociales, par toutes les tranches d’âge, il est important je pense, comme pour tout mouvement culturel d’en connaitre l’histoire et les origines. Quelque soit le medium utilisé pour cela, les livres, la musique, les sites d’informations culturelles, les musées, la télévision, le cinéma, il faut chercher l’origine de ce qui nous intéresse, nous plait, pour en comprendre l’intégralité. « Wild Style » est un de ces médiums pour le hip-hop, c’est un témoignage pour l’éternité.

3 réponses sur « « WILD STYLE »: Un témoignage pour l’éternité »

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