4 ans après « L’esquisse 3 », son dernier projet en date, Keny Arkana est de retour dans les bacs et sur les plateformes avec son nouvel album nommé « Avant l’exode ».
Pourquoi un tel titre? Si elle se considère « en exil » depuis son séjour au Mexique en 2014/2015, la rappeuse songe plus que sérieusement à repartir, peut être définitivement, de notre pays puisqu’elle est en désaccord avec ce qu’elle considère comme une dictature sanitaire. Une décision pas forcément surprenante de la part de cette artiste qui est une figure de proue du rap engagé depuis ses début et qui s’est toujours fait la porte parole de la « rage du peuple »
Revenons donc sur ce nouvel opus ! « Avant l’exode » est un album de 12 titres dans lesquels on retrouve Keny comme elle nous avait laissé en 2017. La marseillaise est toujours aussi engagée, authentique, libre et indépendante. Une indépendance que l’on distingue jusque la commercialisation de cet album puisqu’il est disponible sur les plateformes de streaming via le label Believe mais que la version physique disponible sur larabiadelpueblo.fr est commercialisée par ses soins et donc en totale indépendance. Rien d’étonnant quand on connait son aversion pour le coté show business et mercantile de l’industrie musicale qu’elle appelle la « Babylonerie ».
Son coté anti système se ressent bien évidemment dans les thèmes qui jalonnent « Avant l’exode ». Cela va de la mondialisation à la façon dont fonctionnent les médias, en passant par ce qu’elle décrit comme une dictature sanitaire, l’écologie ou la vie dans les quartiers populaires. Même si tout cela paraitre bien sombre à première vue, c’est finalement un message d’espoir qui est porté par la rappeuse.
Avec son style toujours profondément marqué et influencé par l’énergie de NTM, l’engagement de Rockin’Squat, l’authenticité du Rat Luciano et la musicalité des Sages Po’, elle met donc en musique les maux qui rongent notre humanité, dénoncent les abus des autorités et tentent d’y apporter des solutions.
En ce qui concerne l’écriture, cette contestataire use de textes à plusieurs degrés de lecture et de fines figures de styles pour faire passer ses messages qui lui tiennent tant à cœur. Le morceau « Comme un aimant » qui raconte l’histoire d’un quartier marseillais est le parfait exemple de cette écriture authentique et imagée qui caractérise Keny Arkana.
On ne trouve donc rien de surprenant dans cet album d’un point de vue scriptural. En revanche du coté de la musicalité des prods, on a affaire a des instrus collant beaucoup plus a ce qui se fait en 2021 et a Marseille en particulier. Ces prods sont l’œuvre de la rappeuse elle même ou encore de Donbeatz et Lucci’ pour ne citer qu’eux. Cela lui permet de varier les flows et de se laisser aller a quelques essais mélodiques même si elle concède ne pas avoir forcément la voix parfaite pour pousser la chansonnette.
« Avant l’exode » est donc un projet qui devrait ravir les fans dans un premier temps et les amateurs de rap dit conscient dans un second. Mais il s’agit surtout d’un album de qualité de la part d’une artiste qui a choisi de ne pas renier ce qu’elle est, de ne pas galvauder son talent et surtout de rester fidèle aux convictions qui ont fait d’elle une des rappeuses féminines majeures du rap francophone.
Alors, à défaut de quitter le pays vous aussi, installez vous, écoutez l’album et accompagnez Keny Arkana dans son exode, au moins par la pensée.
