ILL, le rappeur au dessus du Game

Le rappeur que l’on nomme Ill ou Hill G est récemment revenu avec un nouveau single qui a une fois de plus mis d’accord tous les amateurs de hip hop français par sa qualité. Comme depuis le début de sa carrière. Non pas parce que ILL rappe mais parce qu’il est le rap.

« … Comme BIG L : RIP ! Là, c’est BIG HILL aka R.A.P ! »

Hill – « Faucon s’organise »

La moitié des X (men) est considérée par beaucoup et ce depuis plus de 20 ans comme le  meilleur rappeur du pays. Il compte à son palmarès quelques morceaux qui sont des  classiques du rap français et des albums ,solos ou en groupe, également considérés comme tels.

En 95 déjà, sur un titre devenu culte, son compère Cassidy sous entendait de grandes choses pour eux et établissait, peut être involontairement, un parallèle avec un sportif qui lui aussi aurait pu être le GOAT: Shaquille O’Neal.

« …J’ai eu mon pote Ill au fil, pour un deal, où l’on pouvait mettre pile au mille

Un plan géant comme Shaquille O’Neal… »

Cassidy – « Retour aux pyramides »

Lorsque celui ci a débarqué en NBA, il fracassait les paniers de basket comme Ill brisait les instrus. La concurrence ne faisait que difficilement le poids. Tout le monde voyait Shaq devenir le joueur le plus dominant de l’histoire de la balle orange (si on excepte Wilt Chamberlain) et garnir son armoire à trophées goulûment pendant 15 ans.

Mais voilà, pour lui, c’était un jeu, un plaisir , tellement il était facile et au dessus du Game. D’ailleurs, il est fort à parier que s’il n’avait pas croisé le chemin du regretté et très perfectionniste Kobe, il n’aurait sûrement pas gagner autant de titres. Chez Ignr, on se permet de se demander si ce n’est pas un peu le même chose pour Ill… 

Doté d’un talent qu’on ne peut considérer que comme inné, le rap semble être un jeu tellement simple pour le Mc de Gambetta qu’il ne cherche pas à se faire violence plus que nécessaire. . Un talent fou mais sous exploité et une certaine nonchalance regroupés en une seule et même personne, c’est probablement ce qui relie le plus les 2 phénomènes que sont ILL et Shaq.

Mais quand d’un coté nous avons un géant briseur de cercles, ne connaissant que très peu la finesse, de l’autre, avec Hill G, nous avons la sensation de suivre un cours d’eau. Car, avec lui, tout coule comme un ruisseau de montagne, évitant chaque obstacle dans un mouvement fluide et harmonieux. Sur chacun de ses morceaux, il ne pose pas sur une instru, comme le fond la plupart des rappeurs. Sa voix semble être un instrument à part entière, tant c’est son flow empreint d’indolence qui dicte le rythme du morceau.

L’un des meilleurs exemples de ce détachement et de cette apparente facilité, c’est la façon dont son acolyte Cassidy et lui même concèdent avoir enregistré un des classique qui les a révélé au grand public : « Retour aux pyramides » ! En effet, lorsqu’on leur demande comment ils ont pondu ce morceau mythique, ils avouent volontiers qu’ils n’avaient rien préparé a l’avance. Et lorsqu’ils ont trouvé la prod qui leur convenait, ils se sont posé en cabine, ont écrit leurs textes et ont enregistré assis afin que leur état d’esprit « cool » se ressente. Tout un symbole !!

Gambetta Magic

Si Ill n’a jamais eu son Kobe, on peut considérer en revanche qu’il a trouvé son « Penny » Hardaway en la personne de Cass’. Si Ill est le meilleur rappeur de France et de Navarre, Cassidy est peut être le deuxième de ce classement fictif ! Ensemble, les 2 rappeurs formaient eux aussi un duo complémentaire qui aurait pu et du marcher sur le game. Mais comme dans le cas des 2 stars du Magic, les aléas d’une carrière et probablement une façon d’être et surtout de penser peu en adéquation avec l’industrie en ont voulu autrement.

La qualité de la discographie de Hill G que ce soit en solo ou en groupe va en ce sens. En effet, « Ainsi soit Ill » ou « Jeunes, coupables et libres » sont deux excellents projets. Ils restent cependant relativement décevants si l’on estime que compte tenu de l’immense talent des auteurs de « Pendez les, bandez les, descendez les », le classique figurant sur le premier volet de la compilation Hostile, ils auraient pu nous fournir des albums qui seraient sans contestation les meilleurs de l’histoire du rap fr.

Mais justement, c’est possiblement parce qu’il n’a jamais souhaité marcher dans les clous et qu’il aimait faire ce qu’il voulait quand il le voulait que Ill a toujours pratiqué sa musique comme il l’entendait et ce sans dépendre de l’industrie musicale. Ill est un électron libre qui, conscient de ses forces et de ses capacités rapologiques, préfère ne rien devoir à personne et rester libre. Cela nous renvoie a ce fameux détachement dont on parlait plus haut qui fait que contrairement à Salif et Fabe, deux autres rappeurs plus que talentueux, nous pouvons encore profiter de sa présence dans le paysage du rap hexagonal.

Son aisance au micro et certainement son égo lui permettent de penser que malgré tout l’amour qu’il porte au rap, ce dernier a plus besoin de lui que lui n’a besoin du rap. Et si il est moins présent dans les bacs, comme on avait l’habitude de le dire dans les années 90, il demeure convaincu que chacune de ses apparitions discographique est un évènement. Il choisit quand il pose et avec qui il collabore. Car qu’on le veuille ou non, il n’a besoin de presque personne et peut à juste titre se considérer au dessus du Game !

« J’ai l’droit de craner…

Tu m’proposes un featuring, qui tu crois dépanner ? »

Faucon s’organise