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Laylow – L’œil du rêveur !

Après des mois d’attentes, les fans de Laylow ont enfin pu découvrir la semaine dernière l’album de leur champion « L’étrange histoire de Mr Anderson » et il bel et bien  réservé son lot de surprises !

L’artiste avait déjà surpris ses fans avec un court métrage mis en ligne le 4 juin dernier. Une introduction nécessaire à la compréhension d’un projet ambitieux. Une amorce visuelle reprenant les codes du cinéma et qui promettait un univers assez éloigné de celui de Trinity.

L’étrange histoire de Mr Anderson est un album concept pendant lequel on suit Jey et ses potes dans une journée semée de multiples péripéties. Niveau contexte, on se situerait à Toulouse en 2012, une époque bien avant le succès de « Trinity » pendant laquelle Laylow peine à démarrer sa carrière musicale.  Le storytelling de l’album et toute son intrigue tourne autour du personnage de Mr Anderson et sur ce qu’il représente pour Jey, à savoir un subconscient créatif personnifiant les rêves de musique du futur Laylow.  On part donc sur un album très personnel sur le vécu du toulousain mais avec ce fil conducteur qu’est Mr Anderson. La force du projet se situe dans la diversité des étapes traversées à travers les différents tracks du projet. 

Déterminisme social 

A travers le rêve désenchanté de Jey, c’est un constat sociétal froid que nous livre le rappeur. Un monde qui laisse peu de place aux artistes et aux rêveurs bridés par plusieurs facteurs et enfermé dans une spirale peu favorable à la création.  L’un des premiers freins rencontrés lors de l’épopée de Laylow est la routine dans laquelle il est tombé, entre substances et baroudes nocturnes. Il ne lui reste que peu d’énergie disponible pour atteindre les objectifs que son talent lui permettrait d’atteindre. Un déterminisme social que Laylow raconte notamment au début de l’album avec le titre « Iverson« 

« Fuck une ligne, fuck un train d’vie, j’gratte un texte dans la 13 qui parle d’une villa avec une putain d’vue, ouais »

Iverson

Un constat qui se poursuit et se précise dans « Window shopper« : habitué à galérer au quotidien, difficile d’imaginer un horizon qui s’éclaircit. 

« C’est cette vie, c’est pas une autre, j’suis plein d’vices, j’suis plein d’galères
J’vis cette vie, j’vis pas une autre, t’inquiète pas, mes frères connaissent
La bibi, la sale money, ces bitches sont pas honnêtes
J’vis cette vie, j’vis pas une autre (pas une autre) »

Window Shopper pt1

Violence et frustration : essence du changement 

On l’a vu, Laylow est donc coincé dans un cercle peu vertueux. Difficile alors pour lui d’imaginer une issue de secours. Et ce qui va lui donner la force d’aller plus loin pour sortir de ce quotidien sans horizon de changement, ce sont ces frustrations.  Plus précisément dans l’album le moment où il va se faire recaler de boite. En effet, fatigué des moqueries et des remarques condescendantes, il va se nourrir de ce cadre pour briser les plafonds de verres et commencer à matérialiser ses rêves 

La partie 2 de « Window shopper » avec la participation du Sauce God montre bien ce changement de mentalité en particulier lorsqu’on la compare avec la partie 1. 

« Ça rêve d’un cheat code, ça rêve d’shit mais y a p’t-être une autre issue, y a p’t-être une autre vie. Tu m’as négligé dans celle-ci mais tu vas m’sucer dans une autre life (Yeah, ah, oh, oh) »

Window Shopper pt2

Le morceau « Stuntmen » en featuring avec Wit et Alpha Wann est l’aboutissement de ce changement de paradigme. Ce morceau est le plus égo trip du projet annonce l’arrivée du nouveau Laylow

Le problème, c’est que cette prise de conscience ne va pas se transformer instantanément en force créatrice. A l’inverse, elle va d’abord être destructrice pour le jeune Jey qui va au cours de sa soirée, influencé sous substance, basculer dans une violence gratuite et compensatrice des difficultés quotidiennes traversées jusqu’ici. C’est notamment le thème du morceau au titre évocateur « Voir le monde bruler » avec en outro le départ du foyer familial sous fond de dispute.

« Tu mélanges la frappe et l’alcool
Puis, ça y est, tout s’effrite, tout part dans l’décor
T’en as rien à battre de leurs codes
Toi, tu veux juste brûler l’monde avec tes potes »

Voir bruler le monde

Acceptations de soi et sacrifices : Un mal pour un bien

La suite du projet avec le morceau « Que la Pluie » est plus intime. Un passage difficile dans lequel Laylow se livre sur la solitude qu’il a pu traverser dans sa quête du succès. C’est aussi le moment des sacrifices, qui vont jusqu’à couper certaines relations,notamment familiales, afin de partir sur des bases nouvelles. Le tempo est lent, l’instru pluvieuse. Ici, le rappeur toulousain excelle dans la transmission de l’émotion.

« Le daron s’éloigne, aie aie, j’étais high
Moi, j’croyais qu’c’était ça la life
J’ai l’sac plein d’remords quand j’claque la porte
Mais sache que c’était à contrecœur que j’t’ai dit bye-bye »

Que la pluie

Mais c’est grâce à ces sacrifices que Laylow, touché mais pas abattu, va enfin réaliser son potentiel. Le featuring « Spécial » avec Nekfeu et Foushée est d’ailleurs plus dynamique. On a un retour du « Laylow égotrip » et parfaitement conscient du chemin à parcourir.

« Négro, t’es spécial, négro, t’es là-c’ui qui peut tout changer, qui peut mettre le mouv’ à la mode »

Spécial
Seul contre le Monde 

Jey a déjà bien avancé dans son chemin de croix et dans son rêve d’artiste. Mais il n’est pas au bout de sa réflexion.  Deux obstacles se dressent encore entre lui et son rêve. Une société individualiste et violente mais aussi ses propres amis, ses points d’ancrage, dont il va devoir se défaire pour aller plus loin et les deux sont intiment liés.

L’enchainement de fin d’album avec le storytelling autour de son cauchemar influencé par Mr Anderson  « LOST FOREST » et le très puissant couplet unique sous forme de métaphore filée de  « HELP » !!! ou sont abordés les violences policières, les violences conjugales, les trahisons et l’hypocrise de son entourage proche amène une conclusion amère mais réaliste à ce qu’il manque à l’alter égo de Mr Anderson pour atteindre ses objectifs d’artiste : Un brin de réalité cru sur ce qui l’entoure.

« Une chanteuse anonyme qui crie son spleen. À un moment donné, elle s’écroule sur le sol mais personne n’applaudit »

Help

Manifeste à destination des rêveurs

Dans les ultimes fragments de cette étrange histoire, on part sur une ambiance mélancolique avec un Laylow qui a trouvé son chemin et qui à travers ses désillusions mesure l’immensité de la mission qu’il s’est confié notamment avec le titre « Fallen Angels »

« Mélancolie, mode cinq étoiles, j’dois faire comme s’j’étais sûr de moi
Y a du monde quand faut faire la fête mais plus personne quand faut assumer
Les yeux dans l’vide, c’est parce que j’vois loin, c’est pas parce qu’y a de la fumée »

Fallen Angels

L’auteur de Trinity conclut avec un véritable plaidoyer à destination de ceux qui comme lui ont des rêves qui leurs semblent lointains. Certes les difficultés seront dures à surmonter. Cependant en se relevant après les échecs et en s’accrochant à leurs rêves tout est possible. Et finalement même si la réalité ne sera peut être jamais à la hauteur de ces rêves, seul le chemin importe. 

« J’espère que tu continueras à avancer dans c’tunnel, même si tu n’vois pas la lumière qui est au bout. Parce que c’est pas la fin qui compte, c’est l’chemin à la clef. Ton chemin, c’est ton histoire. Alors écris la, coûte que coûte, même si elle est… étrange »

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