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Du rap français pour l’été

Afin de savourer l’été de la meilleure des manières, IntergeneRAPtions vous a concocté une sélection de quatre albums de rap français préférés à consommer durant la période estivale.

A l’arrivée des premières chaleurs estivales, le rap français délaisse ses sweats à capuche, sa paire de Timb ou de Airmax pour les débardeurs, lunettes de soleil et voitures décapotables. Et pour accompagner cette ambiance, la musique y est plus chaude, plus insouciante pour caractériser cette belle saison. Pour marquer le coup, nous avons sélectionné nos albums rap français de l’été préférés.

Doc Gynéco – Première Consultation (1996), sélectionné par JC

Au printemps 1996, un quasi inconnu sort ce qui deviendra l’un des plus gros succès commercial de l’histoire du rap francophone: Première consultation.

Si le premier album solo de Doc Gyneco paraît au printemps, il rythme l’été 1996, passé près des barbecues et autres après-midi sur les plages. Réalisé en grande partie à Los Angeles, les productions y sont très West coast, mais l’artiste garde aussi son identité française avec des mélodies flirtant parfois avec la variété.

Les thèmes de l’album tournent également dans ce sens. Le Doc démontre une obsession pour la gente féminine concordant avec les hormones en feu des auditeurs à cette période. On retrouve une invitation au voyage aux Antilles avec « Né ici ». Le résident de porte de la Chapelle sait aussi faire dans l’introspection avec l’incontournable « Nirvana ».

Première consultation est donc une perle de 14 titres aux influences rap, G-funk, soul et caraïbéennes à écouter au soleil ou pour se réchauffer la tête tout simplement.

Aelpéacha & A2H – Studio Liqueur (2013), sélectionné par Mehdi

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Qui dit période estivale, dit retour des vacances au bord de mer, des virées en voitures et des soirées barbecues, si possible bien arrosées. Et comme bande-son, Aelpéacha, le pape de la G-Funk à la française fait office d’incontournable. Ma découverte du A, date de l’année 2013, plus précisément le 20 mai, jour de sortie de Studio Liqueur, un album collaboratif avec A2H, figure de la nouvelle scène rap français du début des années 2010. Depuis, le représentant de Splifton ne cesse d’accompagner mes étés. A l’époque, cette combinaison entre le rappeur du 77 et le rappeur du 94 était plutôt étonnante, mais le résultat fonctionne à merveille.

Le programme du disque reste fidèle à l’identité de deux rappeurs. On y retrouve la célébration de la ride, mode de vie hédoniste. Servie par une grande variété de productions concoctée par Aelpéacha et un sacré casting, la fête est totale. On retrouve des habitués de l’univers west coast à la française comme Driver, Ryu MC, des vieux briscards toujours aussi frais comme Greg Frite du groupe Triptik et des nouvelles têtes comme Taipan et 3010.

Parmi les titres marquant, on retient « Soirée Plage », une balade sucrée et enivrante. « Allume la lumière » avec Taïpan est un hymne pour pratiquer le coït éclairé. Mais, il y a aussi « Mec 2 Base » avec Driver, un pur morceau grivois façon « Ain’t No Fun ». Studio Liqueur est un disque qui s’écoute d’une traite, parfait pour passer les vacances.

Laylow – Digitalova (2016), sélectionné par Nathan

Laylow-digitalova-2016

Aujourd’hui, quand on pense album d’été dans le rap instinctivement c’est la “zumba” ou la “pop urbaine” qui nous vient à l’esprit. Pourtant on trouve bien d’autres disques en dehors de Naps, Naza et consorts capables de nous accompagner durant la période estivale. Parmi eux Digitalova de Laylow.

Si par l’intermédiaire de Trinity ou L’étrange histoire de Mr. Anderson, il est aujourd’hui un artiste porte étendard d’une musique conceptualisée et parsemée de mélancholie, Laylow a prouvé qu’il maîtrise aussi les ambiances ensoleillées.

Comme à chaque été, les 10 titres de la mixtape Digitalova seront de mises pour embellir les soirées entre amis et les moments de solitude au coucher du soleil. Sorti en 2017, le deuxième disque du Lay dénote dans sa discographie. Le Toulousain a livré une musique avant-gardiste comme à son habitude mais mise au service d’une forme plus lumineuse.

Si les thèmes traitent majoritairement de ses peines de cœur amoureuses la musicalité est résolument dansante et entêtante. C’est un disque parfait pour les adeptes des relations qui ne dure que le temps d’un été. D’une confiance en soi arrogante à une fragilité déroutante Laylow tisse une large toile des émotions vécues lors de relations amoureuses qui ne mènent à rien.

L’autoproclamé « Man of the year » nous a offert des rythmiques et des sonorités d’une redoutable efficacité. C’est une réelle proposition musicale qui paraissait étrange pour certain il y 4 ans mais qui aujourd’hui prend tout son sens quand on voit la direction artistique emprunté par Laylow.

Comme à l’accoutumée l’artiste fait loin de la tendance mais proche de ses convictions. Nous pouvons donc que vous conseiller de découvrir ou redécouvrir cet excellent disque.

Kekra – Land (2018), sélectionné par Elies

Kekra-land-2018

Kekra est un artiste a l’univers large, il l’a démontré à plusieurs reprises lors de sa carrière. Lors de la sortie le 22 Juin 2018, du disque Land, l’homme au visage dissimulé ajoute une nouvelle corde à son arc, celle de l’album de l’été.

Le projet est sublimé par la pochette signé de l’incontournable Fifou. Paradoxalement, on y retrouve Kekra au sommet d’un iceberg. Durant les 11 morceaux on sent la volonté de mixer ses influences et ses multiples références culturelles. Les instrus sont festives et la tête de l’auditeur se balance toute seule durant les 40 minutes du projet. On surfe de sonorités asiatiques comme « Wing Chun » ou « Viceland » à des morceaux presque électro avec l’interlude « Normal ».

Les thèmes sont ceux de l’univers de Kekra fortement teinté d’égotrip, on y retrouve son quotidien, l’argent et la vente de substances ainsi que sa facilité au micro. On ressent également sa lassitude et la volonté de sortir de cette réalité morose pour s’amuser et voyager, notamment avec l’outro « Frérot ». Mention spéciale à « Sega » reflétant parfaitement la polyvalence de l’homme masqué

On sent que l’artiste a pris plaisir a sorti de sa zone de confort notamment en signant une partie des prods et en variant les flows. Un projet très réussi qui se savoure aussi bien sous la lourde chaleur du quartier qu’au bord de la plage.

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