Parfois, certains albums ont la particularité d’être la bande originale de certaines périodes de nos vies. Quelques-uns peuvent accompagner des époques d’insouciance, de jeunesse, d’autres, accompagner des moments plus difficiles. Qu’on soit tombé amoureux ou que l’on ai pleuré sur ce
disque, que ce soit après une rupture ou tout simplement pour célébrer l’amour, on a tous écouté The Divine Feminine de Mac Miller à un moment de nos vies. Après des temps compliqués sur le plan personnel, Mac Miller nous livre un album conceptuel bien loin de tout ce qu’il a pu faire auparavant. Il est également éloigné de la dépression et la drogue. Voici un récit profondément réfléchit sur l’amour et sur la vie.
Sur le disque, on ne saura pas toujours si Malcolm nous parle d’une femme en particulier ou de l’amour en général. Mais ce qui est sur, c’est qu’à l’époque, Ariana Grande a réussi à lui faire changer la palette de couleurs présente dans son globe oculaire. Déjà grand ami et fin confident depuis le début de la carrière d’Ariana, les deux artistes se mettent en couple en 2016. Et si l’on pourrait croire que l’arrêt de la drogue peut être préjudiciable pour la créativité de certains artistes, ce disque prouve
tout le contraire. Comme si un puissant mistral avait mis hors de portée l’infini nuage noir qui se tenait au dessus sa tête. Ce nuage que l’on percevait sur tout ses précédents projets qui portaient beaucoup sur la dépression, la drogue et l’autodestruction.
» Pour les petites créatures telles que nous, l’immensité de l’univers n’est supportable que par l’amour «
Le disque s’ouvre sur la voix d’une femme chuchotant « The Divine Feminine, an album by Mac Miller » sur le morceau « Congratulations ». S’en suit une douce mélodie au piano seulement accompagnée du chant de Mac Miller. Il parle ici d’une fille. On ne sait pas réellement si Malcolm parle d’une personne précise mais il parle d’elle d’un amour pur et authentique. On l’entend simplement raconter ce qu’est l’amour, décrivant des souvenirs intenses et intimes. Le chanteur Bilal apporte une montée fluidifiant le morceau, évoquant la face d’un nouveau monde lorsqu’il est accompagné d’un amour sincère et réel.
Il s’était questionné sur des questions existentielles qui le dépassent complètement sur ses précédents albums. Cette fois ci l’artiste aborde des sujets plus petits, plus humains. Ceux que l’on peut toucher du doigt et parfois attraper. Cela a pour but aussi de comprendre l’univers dans son ensemble lorsqu’il évoque une citation du roman de Carl Sagan datant de 1985 : « Pour les petites créatures telles que nous, l’immensité de l’univers n’est supportable que par l’amour ».
Le chef d’orchestre d’une ode à la femme
Mac Miller s’entoure très très bien sur cet album, avec de très grand talent californien à la production. Mais on y trouve aussi de très grandes voix tel que Bilal, CeeLo Green, Ty Dolla $ign, Anderson. Paak. On a même le droit à un surprenant featuring bien articulé avec Kendrick Lamar. Et grâce à toutes ces grandes voix, l’artiste est dans les meilleurs conditions pour incarner le chef d’orchestre d’une oeuvre crossover à la croisée des genres, entre rap jazzy et R&B, à laquelle il sait ajouter de sa créativité un coté très funk. C’est une couleur très rose clair qui vient maculer notre esprit à l’écoute de ce disque. Dans une symphonie musicale, la forme féminine et son énergie entourent la planète, décryptant les plus fines subtilités de l’amour.
Il nous offre l’un des tubes de l’été 2016 avec « Dang » dirigé par la vision prononcée de Mac Miller vers des cotés funk parfaitement intégré avec l’aide d’Anderson. Paak à partir d’une palettes de tons chaleureux et familier. Dans le mouvement croissant d’un rap en fusion avec le jazz, le trompettiste Keyon Harrold joue la mélodie principal du morceau qui suit, « Stay », dans un rap lent et chanté, doublé par des notes vocales de sa
Ariana Grande.
Le quatrième morceau, « Skin » , est le morceau préféré de Mac Miller sur ce disque. Comme la majeure partie de l’album il tourne autour des relations sexuelles et émotionnelles de Malcolm. Mais la chanson parait plus douce et sensuelle que jamais dans une sensation jazz et R&B. Il s’était largement inspiré de la musique de Prince et avait déclaré à l’époque dans une interview : « J’étais enfermé dans un studio pendant deux semaines et je n’arrivais absolument à rien composer ni écrire. Et dans un élan sorti de nulle part, j’ai écrit le premier verset de Skin. Juste après j’ai appris la mort de Prince. Et j’ai pleuré plus que jamais dans ma vie pour tout ce qu’il a donné à la musique. Après ça, j’avais l’impression qu’il était avec moi. Et j’ai réussi à composé et finir ce morceau. »
« Well, all my days now, they changin’
I got an angels, no more Satan
Looks like God’s on my side
This time, yeah »
Cet album est une véritable odyssée de compositions soul réduisant sa palette d’harmonies éclectiques des dernières années. Il la transforme en quelque chose de confortable et agréable venant se posé directement sur un nuage. A travers 10 chansons, Mac Miller observe l’amour comme la partie la plus envoûtante de l’expérience humaine traitant principalement des blocs de construction des sentiments à travers des choses si réelles qui nous touches tous. Ariana Grande a donc eu une importance vraiment positive sur sa santé. Elle est réellement présente dans le projet. Elle prête sa voix régulièrement sur les morceaux, dans des voix de fonds ou des travaux de voix off. Il lui dédie un morceau entier qui est personnellement mon préféré, « Cinderella ». Une des déclarations d’amour des plus sincère que Malcolm n’aurait jamais pu faire auparavant.
« I just wanna see you fly, because your fragrance got me faded, you be keepin’ me high »
Mac Miller « Cinderella »
L’artiste n’est plus dépendant à la drogue tant sa muse suffit à rendre tout son monde meilleur. Il laisse le refrain à Ty Dolla $ign, mais il se réserve le plaisir de réaliser une magnifique outro doucement chantée.
Alors qu’il contemple la vulnérabilité émotionnelle sur « Planet God Damn », le thème divin et spirituelle est toujours poursuivi. Mac Miller contemple également la signification du mot âme-soeur, comme si le destin nous l’offrirais toujours lorsque nous serons prêts à la trouver. Cet album est question de contact et d’unité. C’est réduire les écarts entre les
gens, être unis et se séparer en passant par toutes les étapes amoureuses qui existent, entre ces phases, décousant les nombreuses couches de l’amour. Cee-Lo Green prête sa voix sur le morceau « We » au dessus de percussions soigneusement frappées par Thundercat, vantant son coté triste et émotionnel.
Love, respect, and care for each other
Et comment évité l’apparition d’Ariana Grande en featuring sur « My Favorite Part ». Son influence sur Mac Miller et sur toutes les couleurs et les sonorités de The Divine feminine est immense. C’est cependant loin d’être mon morceau préféré. Mais laissons Mac Miller collaboré avec celle qui l’aura tant inspiré pour construire son oeuvre. Mais cet album n’allait pas se terminer comme ça, sans une dernière masterpiece qu’est « God Is Fair, Sexy Nasty ». Et c’est si surprenant de retrouver à nouveau Kendrick Lamar et Mac Miller dans un titre tel que celui-ci. Les deux artistes se connaissent bien puisque Kendrick avait à l’époque ouvert les concerts de Mac Miller.
Ils avaient d’ailleurs collaboré sur MACADELIC en 2012 sur l’incroyable « Fight The Feeling ». Et Malcolm n’a pas choisi la facilité. Il aurait pu simplement se glisser dans l’univers de Kendrick. Mais les deux artistes créent quelque chose de réellement nouveau sans aucune tension concurrentielle. Au fur et à mesure le morceau se déroule dans un lyrisme fort de Mac Miller accompagné des morceaux de chants puissants et passionnés du natif de Compton.
L’épilogue de l’album se compose d’un long monologue de la grand mère de Malcolm sur un fond de piano. Elle raconte comment elle est tombée amoureuse de son mari. Et surtout comment cette relation a commencé, à grandi. Ses pensées sur la façon dont ils se sont donné une vie merveilleuse sont le message du disque. L’amour est plus puissant lorsqu’il est correctement construit avec des actes et des sentiments au-delà du sexe, comme le respect et l’attention. C’est intéressant en ce que c’est ce genre d’union dont Mac Miller parle tout le long de l’album essayant de rappeler ce qui pourrait s’approcher de la plus belle histoire d’’amour au monde.
Que l’on soit amoureux ou non, c’est toujours une expérience forte d’écouter Mac Miller et The Divine Feminine en ce 14 Février 2022. Parfois détesté, parfois adoré, ce disque restera l’une des pierres angulaire de sa discographie.