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J. Stalin & DJ.Fresh – The Real World 6

Figures emblématiques de la Bay Area (zone géographique entourant la Baie de San Francisco), J. Stalin et DJ.Fresh poursuivent sur leur lancée avec The Real World 6. Un disque estival dans la lignée de leurs projets précédents.


Une alchimie inébranlable

Après plus de 15 ans d’activité, J. Stalin et DJ.Fresh figurent encore aujourd’hui parmi les portes étendard de la Bay Area à force de constance et d’acharnement. Le rappeur de Cypress Village (West Oakland) a fait ses armes aux côtés du producteur (lui aussi originaire d’Oakland) dès 2006 avec son album The Real World : West Oakland, entièrement produit par DJ.Fresh, que l’on peut aujourd’hui qualifier sans honte de classique tant il incarne un son typique de la Bay, à l’influence considérable (une influence encore visible aujourd’hui chez des jeunes artistes de la Bay comme Acito, Rico 2 Smoove ou GB).

L’alchimie a toujours été évidente entre les deux artistes. Le grain de voix si unique de J. Stalin, sa sensibilité mélodique, son énergie explosive ou sa nonchalance assumée viennent sublimer les rythmes ensoleillés de DJ.Fresh. Le titre « What I See » extrait de l’album susnommé en témoigne parfaitement.

DJ.Fresh : une patte artistique unique

La singularité du style de production de DJ.Fresh lui a d’ailleurs valu de collaborer avec un panel d’artistes prestigieux à l’occasion de sa série d’albums The Tonite Show entamée en 2006 : Jay Worthy, Freddie Gibbs, Yukmouth, Keak Da Sneak, Curren$y ou encore The Jacka pour ne citer qu’eux. En lui offrant l’occasion de produire pour des profils de rappeurs très différents, cette série d’albums a permis à DJ.Fresh de se forger une solide réputation qui transcende les frontières de la Bay.

Ponctuée de samples mélodieux, majoritairement empruntés au Funk et au R&B, de nappes de synthé atmosphériques, et rythmées par des basses arrondies explosives, la trame sonore de DJ.Fresh est pensée pour les flows langoureux et le groove de J. Stalin. Il parait donc évident que leur série de projets collaboratifs The Real World soit devenue une référence et un immanquable de leurs discographies respectives.

Ainsi, la sortie de ce sixième volume constitue un évènement majeur pour un panel d’auditeurs avertis qui apprécient le son de la Bay Area. Nous étions donc obligés de revenir dessus.

Une recette qui perdure


The Day I Got That 9 nous immerge d’emblée dans l’esthétique sonore si suave et singulière dressée par DJ.Fresh. Lyricalement, J. Stalin demeure fidèle à lui-même, en revenant avec aplomb sur son parcours, les tourments qui ont forgé sa détermination et font de lui aujourd’hui un hustler accompli, entrepreneur avec son label LiveWire Records (sur lequel sont sortis la majorité de ses projets, ainsi que des albums de Philthy Rich et Stevie Joe, autres figures emblématiques de Oakland), et un artiste à la productivité et au talent immuables.

J. Stalin : rigueur et persévérance

Cette persévérance, il la doit donc à un parcours de vie douloureux, marqué par des déchirements quotidiens, entre la toxicomanie de sa famille et son expérience avec la vente de crack, un sujet omniprésent dans son écriture.

Avec la stature d’un OG et la carrure d’un prodige, il relate ses expériences avec spontanéité, sans aucune fioriture.


La mélodie douce et légère du morceau, aux sonorités purement 80’s, appuie l’énergie qui émane de son timbre singulier et mélancolique, ainsi que du texte introspectif de J. Stalin, où la notion de Hustle ressort systématiquement.

J. Stalin, inébranlable, brille par sa technique vocale, en variant constamment ses intonations et ses placements, parvenant ainsi à nous captiver tout du long sans pour autant faiblir malgré les années. Sans pour autant renouveler sa formule, le rappeur de Oakland propose de la musique haut-de-gamme, pensée pour les virées en Cadillac, qui, à n’en pas douter une seconde, rythmera l’été des riders invétérés.

Incisif sur Dogg House et Really Bout it Bout It (coproduit par The Mekanix), animal sur Kinda Close, envoûtant sur Mind & Muscle, romantique à sa façon sur Mileage, poignant sur The Day I Got That 9, J. Stalin exploite toutes les facettes qui contribuent à sa personnalité et son charisme naturel sur ce sixième volume.

Doué d’une rare polyvalence, le rappeur de Oakland laisse également entrevoir ses talents de crooner sur Hookie & Shit et Mind & Muscle, qui figurent parmi les morceaux phares de l’album.

Un style de production doux et singulier

Pour ce qui est du travail de DJ.Fresh sur The Real World 6, l’architecture sonore est sublimée par des arrangements aériens dont il a le secret, et sonne moderne tout en perpétuant l’héritage sonore de la Bay. Un héritage que lui-même, The Mekanix (Tweed The Great et Dotrix 4000), Traxamillion… ont contribué à façonner dans les années 2000. On ressent grandement l’influence des mouvements Hyphy et Mob Music dont il est issu. Des mouvement qui sont par ailleurs emblématiques de la Bay.

C’est sans surprise que l’on retrouve un sample de I Need Love de LL Cool J sur I Need a Plug. Un sample qui se prête parfaitement à l’atmosphère du projet, tout en se détachant légèrement des autres morceaux, et parait évident venant de la part de DJ.Fresh qui se revendique davantage comme un producteur de R&B plutôt qu’un producteur Hip-Hop.

https://www.youtube.com/watch?v=Pr5i7d5_cF4

Un Buddy movie qui continue de fonctionner

The Real World 6 incarne une énième fois le parfait exemple de l’alchimie rappeur/producteur à son plus haut niveau. À la manière de Curren$y et Ski Beatz sur la série Pilot Talk, ou de Payroll Giovani et Cardo sur les Big Bossin. Le soin apporté à l’esthétique sonore, le format court) et l’énergie contagieuse de J.Stalin en font un album particulièrement efficace. Bien qu’il ait passé l’âge de la trentaine, J. Stalin continue de briller par son énergie et son charisme, sur les beats toujours aussi savoureux de DJ.Fresh. Le producteur concilie les rythmes rugueux et puissants du hyphy avec la douceur de ses samples (le plus souvent Funk et R&B). Des samples toujours aussi minutieusement choisis, pour notre plus grand bonheur.

Vous l’aurez compris, The Real World 6 figure parmi nos coups de cœur de cette année. Sans être particulièrement novateur, l’album est consistant, et laisse peu de place possible à l’ennui. Les highlights s’enchaînent, à tel point qu’il devient difficile d’en détacher certains en particulier après plusieurs écoutes. A l’instar des volumes précédents, The Real World 6 est une franche réussite. Un album qui devrait parler aux plus West Coast d’entre nous.

Highlights personnels

  • Mind & Muscle
  • I Need A Plug
  • The Day I Got That 9
  • Kinda Close
  • Hookie & Shit

Notre Playlist

Si pour vous aussi la musique de J. Stalin et DJ.Fresh a pour habitude de rythmer vos meilleures rides, on vous invite à retrouver notre Playlist J. Stalin (qui sera mise à jour régulièrement), un concentré de bangers estivaux, à consommer sans aucune modération !

https://open.spotify.com/playlist/5sx2o2v98TbpCTllDilAIi?si=8ad30d65ab1247ad

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