Il existe un vrai lien entre la variété française et le rap hexagonal. On avait déjà évoqué dans un précédent article, le fait que l’on puisse qualifier certains chanteurs français de premiers rappeurs. Dans celui ci, on va plutôt fouiller dans le rap français pour y trouver des sources d’inspiration provenant de la variété française. Que ce soit des hommages, des clins d’œil, des reprises ou du sampling.
En France, le rap a souvent était considéré comme une sous-culture par les plus anciens, plus habitués à la variété. L’exemple le plus frappant étant l’avis énoncé a la télé par un piètre chroniqueur devenu depuis un très mauvais politicien. Les rappeurs eux, n’hésitent pas à rendre hommage ou à faire des références aux artistes que leurs parents écoutaient. Sampler des morceaux de variété a toujours été très fréquent dans le rap.
Renaud, le chanteur préféré des plus grands rappeurs :
Parmi, les plus grands chanteurs de variétés françaises, Renaud est celui qui est le plus cité ou repris dans le rap français. Certains iraient même dire que c’est le premier vrai rappeur, du fait du thème de ses textes, comme la banlieue, le langage vulgaire ou encore la critique de la société
française. La première fois que Renaud est cité ou repris dans le rap français, c’est en 1998, sur le morceau « Hexagonal » issu du 2e album de Doc Gynéco ( Liaisons Dangereuses ). On retrouve sur ce titre Calbo du groupe Arsenik, mais surtout Renaud lui même. Il reprend 20 ans plus tard, son morceau engagé « Hexagone » avec le rappeur du Secteur A.
Il y a aussi, la fameuse compilation Hexagone 2001 .Plusieurs grands rappeurs et groupes de l’époque y reprennent les plus grandes chansons de Renaud. Y figurent notamment Oxmo Puccino, Disiz, Expression Direkt, Saian Supa Crew, Rocca ou encore Rohff sur le morceau « Deuxième Génération ».
A noter également, que c’est la première fois, que des artistes reprennent des grands morceaux du chanteur, bien avant l’album La bande à Renaud sorti en 2014.
Mais l’un des plus beaux hommages d’un rappeur pour le « Dr Renard », restera « Pitbull » de Booba. Car ce dernier y sample l’une des chansons préférés des français « Mistral gagnant ». Précisons qu’il l’avait également samplé dans son premier album sur le morceau « Le bitume avec une plume ».
D’ailleurs, le rappeur de Boulogne avait raconté dans une interview pour Le Monde, que c’était le plus beau texte qu’il avait vu de sa vie.
Autre hommage, un morceau de Lino sur son album Requiem sorti en 2015. La moitié d’Arsenik fait une référence évidente à la chanson de Renaud « Où est-ce que j’ai mis mon flingue ». En effet, sur un morceau intitulé « Le flingue à Renaud », on le retrouve « coincé entre la rage de Trust et la guitare de Brassens. »
Plus récemment, BUSHI, le rappeur de Lyonzon a également samplé la célèbre chanson de Renaud sur le morceau « Mistral » sorti
l’année dernière comme avait pu le faire le Duc, il y a 15 ans.
Les rappeurs influencés par la musique de leurs parents
Très souvent, les rappeurs ont grandi avec les chansons qu’écoutaient leurs parents. Que ce soit du rock, du reggae, de la funk, mais bien sur beacoup de variété française. Par exemple, La Fouine, raconte avoir grandi en écoutant les musiques de son père, allant de Jacques Brel à Brassens ou encore Léo Ferré. On peut sentir ses influences, par exemple sur le son « Bois d’Arcy « . Il y reprend la melodie et certaines paroles du « San Francisco » de Maxime Le Forestier.
L’une des premières fois où un rappeur français sample et rend hommage à un chanteur, c’est en 1994. Sur son morceau « Nouveau western », MC Solaar, sample la célèbre chanson de Serge Gainsbourg « Bonnie and Clyde ».
24 ans plus tard, c’est Guizmo, qui sample une autre chanson de Serge Gainsbourg « Je t’aime, moi non plus », sur le morceau « Guizbourg » sorti en 2018.
Une des reprises, la plus marquante d’une chanson de variété interprété par un rappeur, restera l’oeuvre de Joey Starr. Il avait repris la chanson « Métèque » de Georges Moustaki. Cette reprise figure sur son premier album Gare au jaguar. Un nom d’album qui est également une petite référence à la chanson « Gare au gorille » de Georges Brassens.
Aznavour et le rap français : un amour réciproque
Il y a eu de grands moments de communion, que l’on oubliera jamais dans le rap français et qui font plaisir à revoir. Comme ce jour où Kery James fut invité par Charles Aznavour chez Michel Drucker pour chanter ensemble. Devant des millions de téléspectateurs, Charles Aznavour dira « qu’il y a plein de rappeurs qui sont formidables, et qui écrivent merveilleusement bien notre langue » en s’adressant à Kery James. Une façon de dire que le rap n’est pas une sous-culture. Et surtout que c’est une vraie musique avec souvent de vrais auteurs. Aznavour fait preuve d’une belle ouverture d’esprits en disant cela, contrairement aux idées reçus que pouvaient avoir certaines personnes envers le rap. De plus, ce morceau portera le même titre que l’album de Kery James « A l’ombre du show business » sorti en 2008.
Dernièrement, dans le morceau « Jefe » de Ninho, on a pu entendre une interlude de Charles Aznavour, une façon de lui rendre hommage, en le comparant au même titre que son album.
Les samples et les reprises chez les Américains
Les rappeurs français n’hésitent pas à rendre hommage en samplant ou en reprenant des chansons de variétés françaises. Les américains ne sont pas en reste, notamment envers Charles Aznavour. Par exemple, pour le morceau « What’s the difference » de Dr Dre en feat avec Eminem. Le légendaire producteur sample la chanson « Parce que tu crois ». Autre exemple, le groupe de NAS, The Firm, qui sample une autre chanson d’Aznavour « A ma fille », sur le titre « Firm Fiasco ».
Si il y a certains artistes qui ont été samplés des centaines de fois, surtout aux Etats-Unis, il y en a auxquelson ne s’attend pas vraiment. Comme par exemple, le jour où Kanye West était allé chercher un sample d’une chanson de Véronique Sanson « Une nuit sur ton épaule » pour le morceau de Jay-Z « History ».
Ou encore, en 2011, lorsque The Weekend avait samplé la chanson « Laisse tomber les filles » de France Gall, sur le morceau « Montreal ».
Pour terminer cet article qui aurait pu être bien plus long, on peut mentionner une des rares reprise d’une chanson de variété française, par un rappeur américain. Même si il est important de préciser que Wyclef Jean est haïtien. L’ancien chanteur des Fugees avait repris la plus belle chanson de Jacques Brel « Ne me quitte pas ».
Une réponse sur « Quand le rap puise dans la variété française »
Merci ! J’en connaissais quelques-uns mais j’en ai découvert beaucoup 🙏