Le 31 octobre 2021, on fête les 10 ans de la mixtape d’A$AP Rocky, Live.Love.A$AP. Pour l’occasion, le premier projet sort sur plateformes de streaming, ce vendredi 29 octobre. Retour sur la genèse de la carrière de Pretty Flacko et de sa mixtape.
Au début de la dernière décennie, les États-Unis se cherchent de nouvelles vedettes du rap. Kanye West a sorti en 2010 sa masterpiece avec My Beautiful Darked Fantasy, mais sa personnalité reste clivante. Avec ses dernières sorties moins convaincantes, Lil Wayne semble être sur la fin de son run légendaire entamé en 2005. Dr. Dre a fait son retour avec « Kush » censé annoncer l’arrivée de Detox. Mais le producteur et rappeur californien retourne à ses machines de studio et disparaît aussi vite.
Dans ce contexte, de nouvelles figures apparaissent des quatre coins du territoire américain grâce à internet. De Wiz Khalifa, Mac Miller de Pittsburgh, aux Californiens Kendrick Lamar et Tyler, The Creator en passant par le Canadien Drake, ces nouveaux rappeurs apportent une nouvelle effervescence dans le rap américain. C’est dans cette période que surgit Rakim Mayers aka A$AP Rocky. D’abord avec deux vidéo-clips puis avec la publication de la mixtape Live.Love.A$AP. Pour les 10 ans de sa parution, Live.Love.A$AP fait son apparition sur les plateformes de streaming sans les titres « Kissin Pink » et « Out Of this World » mais avec un inédit, intitulé « Sandman ». L’occasion de revenir sur le début de carrière d’A$AP Rocky et de sa mixtape certifiée classique.
L’arrivée d’un Pretty Motherfucker et de son crew
Au cœur de cet été 2011, deux vidéos paraissent sur internet, d’un dénommé A$AP Rocky. Le rappeur y apparaît défoncé aux psychotropes derrière des filtres pourpres, il rappe avec la voix ralentie et dégage une attitude folle. Toutes ces références évoquent le rap d’Houston et la technique du chopped and screwed de DJ Screw. Pourtant, le rappeur ne vient pas du Texas, mais bien de New-York, d’Harlem plus précisément.
Sur ces vidéos, le rappeur n’est pas forcément flamboyant au micro, mais son attitude fascine. Grillz en or, gueule d’ange et un amour des fringues, A$AP Rocky dégage un charisme indéniable et une arrogance digne d’un Cam’Ron dans ses meilleures années. Ces vidéos créent un véritable engouement autour de lui et lui permet de décrocher un contrat de 3 millions de dollars avec Sony/ RCA.
Derrière la figure de Rocky, il y a son blaze du rappeur qui interroge. A$AP signifie « Always stripe and prosper », une sorte de maxime portée par chacun des membres de son crew A$AP Mob. Le collectif, créer en 2006, réunit des rappeurs, des producteurs, des vidéastes et des stylistes. Il est surtout porté par A$AP Yams, visible dans les vidéos de Rocky. Il est la véritable tête pensante du crew, partage une amitié fraternelle avec le rappeur en plus d’être son manager. Dans le sillon de son début de carrière tonitruant, A$AP Rocky permet l’arrivée d’autres membres de son équipe, comme les rappeurs A$AP Ferg, A$AP Nast ou le producteur A$AP Ty Beats. Malheureusement, A$AP Yams décède en 2015 des suites d’une overdose, laissant derrière lui l’héritage de son collectif.
Une mixtape qui mélangent les genres
Après sa signature avec Sony, A$AP Rocky publie le 31 octobre sur Datpiff, sa première mixtape, Live.Love.A$AP. La tape est composée de 16 titres avec de nombreux featurings : des membres de son crew ainsi que des nouvelles têtes comme SchoolBoy Q ou le Floridien SpaceGhostPurpp.
Dès le premier morceau « Palace », Flacko assume ses influences sudistes. Sur une production aux basses prononcées, le rappeur reprend le « triplet flow » de Lord Infamous de la Three 6 Mafia, depuis utilisé par tant de rappeurs du globe. Sur toute la tape, on ressent autant les influences de la musique d’UGK que du rap de Memphis et de son héritage new-yorkais. Cette ambiance nuageuse voir psychédélique, A$AP l’a doit aux nombreux producteurs présents sur la tape.
Clams Casino, producteur italo-américain mélange des ambiances cloud sur des mélodies plus électro. Par la suite, le producteur collabore sur les autres projets du rappeur avant de partir vers d’autres horizons. Surprise, on retrouve aussi un Français du nom de Soufien3000 sur la tape. C’est grâce à internet qu’ils se connectent et que le frenchie lui envoie deux productions qui se retrouvent sur LLA dont l’hypnotisant « Get Lit ». Grâce à cette exposition, le producteur connaît une petite hype au début des années 10 avant de disparaître de la circulation.
Sur la tape, A$AP Rocky hypnotise par son débit lent mais est aussi capable de flamboyance comme sur « Houston Old Head ».
Avec Live.Love.A$AP, le rappeur crée un patchwork inédit qui met fin au dogme disant que le style d’un rappeur dépend de sa géographie. Cette mixtape connaît un vrai succès avec plus d’un million de téléchargements et influencera toute une scène cloud rap présent sur Soundcloud. Surtout, live.love.A$AP lance définitivement la carrière d’A$AP Rocky jusqu’au succès qu’on lui connaît.
