Il y a des rappeurs ou des groupes qui marquent de leur empreinte toute une génération d’auditeurs grâce à leur discographie. Certains y arrivent dès leur premier album. C’est le cas des Marseillais de le Fonky Family avec « Si Dieu veut ». Retour sur ce classique.
1998, le rap français se trouve en plein cœur de ce qu’on nommera quelques années plus tard l’âge d’or. Une année qui a vu sortir quelques uns des plus grands albums du hip-hop hexagonal. La Fonky Family sortira aussi son classique « Si Dieu veut » cette année là. Repéré par Akhenaton, qui les invitera sur son titre « Bad boys de Marseille », la FF est un groupe à part qui incarne la nouvelle génération du rap phocéen. Lors de la sortie de ce premier album, le groupe est composé des 4 rappeurs Sat, Don Choa, Menzo et le Rat Luciano , de DJ Djel, du producteur Pone et du danseur Fel.
En sortant « Si Dieu veut », la Fonky Family réussit la prouesse de frapper un grand coup en pondant un des meilleurs albums de l’histoire et ça, a son premier essai. Alors, comment l’album d’un groupe quasi débutant a t’il connu un tel succès et marqué un époque? Tout simplement, parce qu’il se démarque des autres grands disques de l’époque par la forme.
En effet, à la fin des années 90, le rap est souvent engagé. Le rap conscient est presque la norme que ce soit avec la rage du « combat continue » d’Ideal J, l’engagement de NTM ou de Fabe, les messages d’Oxmo ou Shurik’n… Si il resté revendicatif dans l’âme, « Si Dieu veut » est différent de tous ces albums.
Authenticité et spontanéité
Pourtant et pour des raisons évidentes, on pourrait aisément céder à la tentation de le comparer à « Où je vis » ou à « L’école du micro d’argent ». Le rapprochement avec ces autres albums de rappeurs Marseillais serait un raccourci facile à emprunter. Alors, oui, à l’instar de ces 2 classiques Marseillais, le groupe se place aussi en reporter et porte parole des quartiers phocéens sur ce projet. Mais le tout est bien moins réflechi, beaucoup moins structuré. Contrairement à leurs grands frères d’IAM en 97, les membres de la FF sont encore des « débutants » quand ils sortent cet album. Un groupe plein d’insouciance.
L’insouciance, c’est peut être le mot à employer pour définir cet album. Il n’y a aucun calcul dans ce projet. Il a été conçu avec la fougue de la jeunesse. Fait rare, aucun titre ne porte le nom de l’album. Ce nom d’album, c’est une façon d’illustrer l’état d’esprit dans lequel se trouvait le groupe en le confectionnant. Ils font les titres à l’instinct, avec une totale innocence, une sincérité certaine et cela sans vraiment maîtriser tous les codes de l’industrie du rap. Et le groupe se dit que « Si Dieu veut », le succès sera au rendez vous.
Ce « bazar organisé » de 20 pistes transpire la passion pour le rap. Une atmosphère générale de Freestyle, des morceaux de parfois plus de 6mn qui ne correspondent pas aux formats voulu par les radios, rien ne le laissait présager un tel succès.
La furie et la foi
Mais c’était sans compter sur la la qualité des membres qui constituaient la FF. L’architecte Pone offre un superbe écrin fait de sonorités variés à ses 4 collègues MC’s. Le Rat Luciano fait déjà preuve d’une grande qualité d’écriture mêlée à une authenticité rarement vue. Il ne cesse sur cet opus de prendre la défense des plus défavorisés.
Sat et Don Choa , et Menzo dans une moindre mesure,ont un côté un peu plus « rue », mais sont dans la même démarche. Être les hauts parleurs des quartiers de Marseille et de France afin de dénoncer l’abandon auquel ils sont confrontés. Ils combattent aussi l’escalade de l’extrême droite dans leur région. Mais si il y a une chose qui ressort de tout l’album, c’est un réel et profond amour pour le rap et sa culture. Le groupe ne cesse de le clamer tout au long du projet.
Top album du rap français
Évidemment et même si tout l’album est de qualité, il est tentant de ressortir quelques titres. Parmi ceux ci, on citera les classiques « Cherche pas à comprendre », « La furie et la foi » et « Sans rémissions ». Mais il ne faut surtout pas négliger les perles que sont « Aux absents » , « Le respect se perd » ou « Maintenant ou jamais » en feat avec les X-Men. Ceux ci font parti de la liste des invités au sein de laquelle on retrouve également le 3ème œil, kertra d’Express D ou Akhenaton pour ne citer qu’eux.
Tout ces éléments ont contribué à faire de cet album un classique instantané. Avec « Si Dieu veut » , la Fonky Family a ramené ce vent de fraîcheur qu’on ne retrouvait plus chez les têtes d’affiche du rap français en 98. Et c’est certainement cette fraîcheur qu’on ne retrouve pas dans les albums qui suivront qui fait de « SDV » le meilleur album du groupe et certainement un des meilleurs du rap français tout court!
Une réponse sur « Fonky Family – « Si Dieu veut »: Classique instantané »
[…] Si l’Italie et Naples est omniprésente dans l’album, Marseille, la ville où a véritablement grandi Akhenaton n’est pas en reste. Dans cet album, on trouve plusieurs exemple comme le plus flagrant est bien évidemment « Bad Boys de Marseille ». La chanson devient un immense tube et porte commercialement l’album. Avec le clip tourné à New York et sorti un an plus tard, le morceau devient un classique du rap français. Par la même occasion, Akhenaton fait découvrir au grand public, un tout nouveau groupe marseillais, la Fonky Family. […]