Ziak – Akimbo : L’explosion surprise

Alors que cette fin d’année 2021 voit les têtes d’affiche du rap game français annoncer les sortis de leurs projets, un album vient s’immiscer dans le top des ventes de cette année. Celui d’un mystérieux drilleur qui fait beaucoup parler de lui depuis quelques mois à grands coups de singles musclés. Voici donc nos premières impressions sur Akimbo de Ziak.

Ziak fait le buzz sur les réseaux et en particulier twitter depuis 2020. Son affection pour la UK drill, ses codes vestimentaires et lyricaux y sont pour beaucoup. Le côté mystérieux qu’il entretient n’y est pas non plus étranger. C’est donc ce 12 Novembre que Ziak, le phénomène originaire du 91, a enfin dévoilé son premier album Akimbo.

Chiffres de ventes explosifs

Un opus de 17 titres pour 46 minutes qui a réalisé le cinquième meilleur démarrage (sur une journée) de l’année sur Spotify. Seuls Laylow, Damso, Booba et Sch avaient fait mieux cette année. C’est même mieux que le Classico organisé de Jul dont tout le monde parlait. Ça vous pose l’attente suscitée par ce projet. 

Alors comment un rookie a t-il réalisé de tels scores ? La réponse se trouve tant dans le buzz que celui-ci a réussi à créer que dans la curiosité des auditeurs qui ne le suivaient pas auparavant. De plus, la drill portée par les succès de Freeze, 1Pliké140, Gazo, Ashe22 et d’autres, est un courant qui a le vent en poupe. 

Ce courant musical né au début des années 2010, à Chicago, a connu un gros succès au Royaume-Uni avant de conquérir l’Hexagone. Parmi les caractéristiques du mouvement, on retrouve des textes faisant l’apologie de la rue et du crime avec des paroles violentes et sombres.

Ziak reprend parfaitement tous ces codes. Inséparable de son arme blanche, il apparaît constamment le visage masqué par un bandana. Les paroles de ses sons reprennent eux aussi les codes de la drill. Mais le rappeur de l’Essonne y apporte quelques variantes et c’est là que Akimbo se révèle intéressant.

Album varié et personnel

Majoritairement produit par Focus Beatz et Hellboy, les prods drill sont omniprésentes. Mais, le rappeur s’essaye sur d’autres types d’ambiances comme sur « Badman trip » à la prod 2-step ou le très daté 2000 « Lahuiss ». Ce dernier titre est l’une des plus grosses surprise de l’album. Ces variations disséminées tout au long de l’opus lui permettent de ne pas être trop redondant.

On pouvait nourrir les mêmes craintes de répétitions avec le flow du rappeur d’autant plus qu’il n’y a qu’un seul invité, Maes, sur le titre « Rhum & machette ». De plus, la voix et les intonations utilisées par l’artiste peuvent être clivantes et ont tendance à en bloquer certains. Mais grâce à ces variantes, cette effet de répétition s’estompe même si sur « Akimbo », Ziak a l’air constamment énervé.

Concernant le contenu des paroles, quand est-il ? La majorité du projet navigue entre l’univers de la rue, de la drogue et tous les clichés drill qui vont avec. Cependant, Ziak apporte un côté très personnel, qui tranche singulièrement avec ce qu’on a l’habitude d’entendre de la part des drilleurs du pays.

Il est par exemple capable de se montrer engagé sur le très bien écrit « Vrai/Faux ». On atteint même un haut degré d’introspection sur les perles que sont « Shonen » et « Prière ». Il y aborde des sujets comme la religion ou la rédemption et se livre sur lui même. Le mystérieux rappeur décrit d’ailleurs cet album comme « une part de lui même et comme la seule manière d’en connaître plus sur lui et son univers ».

« Vu qu’y avait pas d’sous et que j’voulais tout, j’ai pris mauvaise filière
J’dois arrêter la tise, arrêter la fume, m’remettre à la prière
M’remettre à la prière, la mettre à l’abri.. »

Ziak – « Prière »

Pour conclure, Akimbo est certainement une satisfaction pour les fans de la première heure malgré les prises de risques. Mais grâce à celles ci, cet album est aussi une bonne surprise pour tous les nouveaux.