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Djado Mado – “Noor 2” : La fierté des siens

En cette année 2021, deux rappeurs originaires des Comores devraient réaliser des scores de ventes élevés. Soprano a déjà sorti son « Chasseur d’étoiles » en Septembre 2021. Et Rohff sortira son dixième opus « Grand Monsieur » le 10 Décembre. Mais on est en droit de se demander si le meilleur album d’un rappeur originaire de l’archipel de l’océan indien en 2021 ne sera pas l’œuvre d’un troisième larron. Chronique de « Noor 2 » de Djado Mado.

Avec « Noor 2 », le rappeur en est à son troisième projet en moins de deux ans. En février 2020, il avait livré le très prometteur « Ulhaq ». S’en est suivi « Noor » en Juin 2021. Enfin,le 3 Décembre dernier, Djado Mado sortait donc « Noor 2 ». Un projet de 12 titres pour un peu plus de 40 minutes sorti chez Double M Music.

Le rap et la rue

Le rappeur est un artiste et un homme authentique. Et c’est sur ce socle qu’est l’authenticité que Djado Mado et l’architecte Madizm ont bâti  « Noor 2 ». L’édifice repose sur 3 piliers que sont l’amour du rap, son archipel des Comores et son vécu de la ZUP de Valence à Paris.

De toute évidence, le comorien est un rappeur à l’ancienne. Mais il l’est peut être plus dans le fond que dans la forme. Redoutable kickeur, il fait la démonstration de son talent de MC sur plusieurs titres. Le ton est donné dès l’intro éponyme. Djado ne fait pas du rap pour les ados. Et c’est ce qu’il démontre sur “Kattegat”,son duo avec Djalito ! Un banger qui transpire le rap des années 2000 avec son gros son et ses références datées. 

Le titre “2694” avec le rappeur du 94 Begnetto Jack est lui aussi un banger efficace qui sent bon le rap de rue avec lequel les 2 artistes ont grandi.

Cependant, Djado a su faire évoluer sa musique. Dans ce nouvel opus, Il ne se cantonne pas à du pur kickage. Par exemple, sur “La lune” avec le productif So la lune, le flow est plus mélodieux porté par une prod de Kon Queso. C’est d’ailleurs l’un des deux seuls son du projet à ne pas être produit par Madizm

Il réussit même à conserver son côté « rue » en y ajoutant cette touche de mélodie sur l’excellent “Dans le zoo”. Plus surprenant encore, “Mañana” en feat avec le vétéran Aketo. Le titre est léger et dansant. 

De Valence à Moroni

L’attachement aux Comores cité plus haut est omniprésent dans « Noor 2 ». Il évoque à plusieurs reprises des racines comoriennes. Il va même jusqu’à rapper plusieurs en shingazidja, le dialecte de son ile d’origine.

Puisqu’il est empreint de culture hiphop, il se devait d’apporter une touche consciente. Sur les morceaux “CFA” et “Colonisé”, il mêle cette part de rap engagé à son appartenance comorienne. Il n’hésite effectivement pas à dénoncer les méfaits et les ravages de la colonisation sur son archipel d’origine ou les autres ex colonies.

“Nos grands pères furent décorés et alors ? Les tirailleurs, c’qui leur ont fait, gros, c’est hardcore!

“Colonisé”

Enfin, le valentinois se dévoile un peu plus sur deux autres titres. D’abord sur “Le temps passe”,produit par StillNas, où il parle de son parcours de vie et des gens qu’il a croisé tout au long de son parcours. Bref, il raconte le temps qui passe. Ensuite, sur le touchant “Faire crier la guitare” qui clôt le projet. La prod laisse toute la place au rappeur pour qu’il parle de lui de façon touchante mais sans une certaine pudeur.

En définitive, vous l’aurez compris, Djado Mado livre avec « Noor 2 » un album de rap diversifié tant dans le fond que dans la forme. Le travail d’écriture du rappeur, les prods de Madizm et la variété des featuring font que l’on ne se lasse pas durant l’écoute. Alors puisque « Noor » signifie « lumière » en Arabe, il serait peut être temps de la mettre sur Djado Mado.

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