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L’analyse 1er degré n°1: “Égérie” de Nekfeu

L’analyse 1er degré, c’est lorsque l’on s’amuse à donner le texte d’un rappeur à quelqu’un sans qu’il n’ai jamais écouter le morceau. Et ça donne une analyse plutôt drôle à ne surtout pas prendre au pied de la lettre. Premier épisode avec un texte de Nekfeu, “Égérie”.

J’ouvre un document vierge, contrairement à l’égérie qui n’en est pas une mais en a le visage ; le visage de Natalie Portman sans être Natalie Portman, et déjà je ne comprends plus. Ou Nekfeu est atteint de prosopagnosie ou il nous ment, alors je ne comprends plus et si ça part comme ça alors ça n’augure rien de bon.

Et je comprends encore moins, alors, qu’il me dit ne pas raconter de disquettes, et que les histoires de disquette ça doit être une blague d’informaticiens, une blague pour informaticiens, une sorte d’humour de retraité de l’informatique, une sorte de « c’était mieux avant » mais sur les supports de stockage de données informatiques amovibles, une comparaison de la souplesse d’antan contre la rigidité et l’immatérialité d’aujourd’hui, un truc de vieux en somme.

Enfin, ça ne m’avance à rien. Je n’y vois pas plus clair. Alors je cherche des indices sur le sens de la chanson, sur ce qu’il a vraiment voulu y mettre et j’espère qu’il ne sera pas question que de prosopagnosie et de blagues d’informaticiens, parce que déjà là je ne vois pas de liens… Mais bon, laissons venir !

Et on a pas longtemps à attendre pour que des indices surgissent, ça commence à parler de mordre des oreillers comme si c’était des cheesecakes et là je comprends tout de suite qu’on est dans l’évocation de la petite enfance, dans les souvenirs d’un coussin de la colère, un petit coussin anodin sur lequel on déverse son trop plein d’émotions, qu’on maltraite pour ne pas maltraiter les autres et qu’une fois bien calmé, bien rasséréné on se régale d’un petit cheesecake, ou toute autre pâtisserie qui rime avec “disquette”, pour bien s’apaiser et que donc on mord d’envie comme on mordait de rage l’oreiller.

Et là dans ma tête ça commence à s’assembler, ça commence à faire sens : l’enfance avec l’oreiller, la mère avec l’égérie, le père avec l’informaticien. On pénètre dans l’intime, ou il nous y fait pénétrer, parce que tout ça il le dit premier degré. Ou alors moi je le lis premier degré. Et puis assembler tout ça me fait me rappeler de son discret « je ne veux pas me réveiller » du début. Ce « je ne veux pas me réveiller » qui nous ramène à ses années collège, quand il le disait la tête enfouie sous la couette, quand il le disait pour louper les cours, pour rester à la maison, auprès de ses darons. Et c’est aussi ça être un artiste, j’imagine. Parler de soi sans parler de soi, parler d’intime pour toucher l’universel.

Alors il continue de disséminer ses indices, comme quand il dit au visage de Natalie Portman ,qui n’est pas Natalie Portman, qu’elle n’est pas la seule perle de son répertoire, et là, manque ce qu’elle lui dit ! Qu’elle lui explique qu’elle n’est pas une perle mais une femme et qu’elle a pourtant bien compris le message, mais qu’elle ne veut pas être sa maman, qu’elle veut seulement l’aimer, mais pas comme une maman, juste qu’ils soient amants. Que d’amour ! Que de preuves d’amour !

Et si tout cela ne suffisait pas, il en remet une couche ! Glorifiant les repas en famille durant lesquels il se régalait de Saumon à l’oseille et de champagne rosé, repas de la famille Mac Cain pour ceux qui étaient encore ignorant du patronyme du petit prince de la prosodie. Et puisqu’on en est à évoquer les noms, autant enfoncer le clou et livrer les prénoms, car c’est ce qu’il fait quelques lignes plus bas en sous entendant clairement celui de sa mère lorsqu’il évoque Los Angeles et sa faille, lorsqu’il assure s’être construit sur des failles il ne fait rien de plus qu’un exercice de catharsis, il se détache de la figure maternelle pour devenir un Homme, pour devenir l’Homme.

Tout en insultant quelques lignes plus loin la Mère, ce point d’origine, la rassurante, la calme et de bons conseils, cette mère qui le voit encore enfant lorsqu’il lit des mangas debout dans les rayons des magasins culturels.

Quelle pudeur ! Quelle peur d’être considéré comme faible parce qu’on s’épanche, parce qu’on ose dire qu’on l’aime à cette mère d’antan, cette mère d’avant le maintenant. Et voilà ce que j’ai compris et ce qu’il y avait, je pense, à comprendre. Alors, pour résumer et vous permettre de briller, si on vous demande de quoi parle égérie de Nekfeu, vous n’aurez qu’à répondre qu’il parle de sa mère, Andréa.

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