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L’analyse 1er degré n°2 : « A l’ammoniaque » de PNL

L’analyse 1er degré, c’est lorsque l’on s’amuse à donner le texte d’un rappeur à quelqu’un sans qu’il n’ai jamais écouter le morceau. Et ça donne une analyse plutôt drôle à ne surtout pas prendre au pied de la lettre. Après le premier épisode consacré à Nekfeu, voici le deuxième épisode avec un texte de PNL, « A l’ammoniaque ».

J’ai jamais rien compris aux sigles. Autant les acronymes ça va, autant les sigles j’y comprends rien. Et PNL ça peut vouloir tout et rien dire. Mais même si ça ne veut rien dire ça doit faire sens, j’imagine, alors j’ai essayé d’y trouver un sens, parce qu’on a besoin que les choses fassent sens, parce que s’il n’y a pas de sens on est perdu, et là : je suis perdu, et ça n’a pas de sens. 

Alors je cherche, je cherche des réponses dans leurs textes, histoire de comprendre, histoire de savoir. Et c’est pas clair clair, pas super limpide, faut que je m’y enfonce, que je m’y perde. Et dès le premier couplet les indices tombent ! Comme quand ça parle de « désert dans la tête », et moi le « désert dans la tête »,ça m’évoque plusieurs choses, des bonnes et des moins bonnes. Autant ça peut être le désert dans la tête quand tout va bien, quand y’a pas de problèmes, quand y’a pas à se soucier de quoi que ce soit et que les choses sont faciles. Mais j’ai un peu de mal à croire que les mecs de PNL fassent une chanson là-dessus, je ne les connais pas mais j’y crois pas, personne ne fait des chansons sur rien… Enfin si, y’a bien Benabar qui fait des chansons sur rien… mais c’est pas le sujet. Bref.

 Alors l’autre chose qu’il m’évoque, ce « désert dans la tête », c’est l’abrutissement par le travail, la destruction de la capacité à penser par la répétitivité des tâches. Et ça, ça me semble être un bon thème, un bon axe de réflexion pour une chanson, la dénonciation de la dureté du monde du travail, la dénonciation de la pénibilité de certains métiers peu considérés. Alors je reste là-dessus et je creuse. Rapidement ça concorde, rapidement ça résonne, y a bien quelques salves de « ouais ouais ouais » pour ponctuer tout ça mais direct m’arrive un petit « que Dieu nous pardonne pour nos crasses » et là pas d’ambiguïté.

On demande le saint pardon pour des souillures, des salissures, des traces laissées un peu partout et qui vont devoir être nettoyées, nettoyées par quelqu’un qui aura le « désert dans la tête » et tout de suite on est pris de remords, on s’en veut d’infliger à d’autres les conséquences de nos instants d’égarement, pour notre irrespect « envers l’Homme » avec un h majuscule. Parce que la crasse, les crasses elles sont l’affaire de tous, autant des hommes que des femmes, enfin surtout des femmes, des femmes qui subissent, qui les nettoyent « nos crasses « . Ces femmes, les femmes, les « yemma » qui y sont, sur les lieux souillés, au « chant du coq » et qui usent d’ammoniaque pour les faire disparaître ces « crasses », pour qu’on les oublie ces « crasses », qu’il n’en reste pas de trace. 

Et on y revient à ce cas de conscience des « crasses » laissées lorsqu’ils disent  » j’crois que personne ne vit sans regret », parce que c’est là que s’exprime l’humanité, dans les remords, dans les regrets, dans les regrets qui sont des remords et les remords qui sont des regrets. Et c’est à ça qu’on mesure l’Homme, à sa capacité à dire et apprendre de ses erreurs, à sa capacité à évoluer, à ne pas juste s’en branler. Après y’a toujours cette question de Dieu et du grand pardon, de savoir si tout ça est joué pour le pardon ou pensé pour la conscience, si la peur du divin est réelle ou une posture. Mais bon c’est pas le débat, on sent bien qu’il y a une prise de conscience malgré tout dans cette ode aux petites mains, aux technicien-ne-s de surface, à ceux dont le rôle est primordial. Ceux qui font briller les lieux avant que le soleil ne le fasse.

Et ils en remettent une couche en disant  » le temps passera plus vite qu’hier / le soleil se couchera dans la vallée / la lune sortira une bière » parce qu’ils savent que ces travailleurs seront là la nuit, lorsque les autres sortent des bières en contemplant le coucher de soleil, mais que pour eux le temps passera plus vite parce que plus de crasses à nettoyer. Et ils connaissent la situation, la comprennent, et ils « aimeraient leur tendre la main » et je crois que plus que des promesses il s’agit là d’un manifeste, un manifeste humaniste, la concrétisation d’une idée pleine de bienveillance et de volonté d’améliorer la situation. Car à la lumière de ce texte, de cet hommage aux métiers de l’ombre, à ses salariés dérobés au regard des autres, j’en arrive à comprendre que le sigle PNL répond au nom « Propreté Nettoyage Luxe » (Luxe étant là pour le démarchage client, pour une image haut de gamme du service). Et tout de suite ça fait sens, y a une logique, ça éclaire le propos et l’ambition.

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