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Jazzy Bazz- « Memoria »: L’amour du travail bien fait

Il y a des albums que l’on attend et qui déçoivent. Il y a aussi des albums que l’on attend et qui ne viennent jamais. Et puis, il y a ceux que l’on attend et qui sont de vraies réussites. « Memoria » de Jazzy Bazz est de cette dernière sorte. Parce que l’on sait que le rappeur aime livrer des albums aboutis.

On peut penser ce qu’on veut de l’entourage. On peut trouver leur proposition musicale un peu simple à leurs débuts. Libre à vous de penser qu’ils étaient trop gentillets. Certains iront même jusqu’à dire qu’ils faisaient du rap de blanc. Ce qui ne veut évidemment rien dire. Mais lorsque l’on regarde la carrière et l’évolution de certains de ses membres, il est indéniable que ce crew peut légitimement se poser en héritier d’équipes comme le Beat de Boul ou Time Bomb. Déjà, parce que ces rappeurs aiment le rap. Également parce que dans la grande majorité, ce sont de très bons kickeurs avec de vraies styles qui leurs sont propres. Mais aussi, parce qu’ils manifestent un véritable esprit d’équipe.De plus, pour la plupart d’entre eux, ils œuvrent dans l’indépendance sans forcément essayer de copier les tendances actuelles. 

De surcroît, dans la période de surproduction dans laquelle se trouve le rap français, les rappeurs de l’entourage préfèrent prendre le temps de travailler leurs projets quitte a laisser leur conséquente Fan base dans l’attente. Que ce soit chez Nekfeu, dont le public se sent abandonné, ou Alpha Wann, la qualité prime sur la quantité. Jazzy Bazz, qui est le sujet de cet article, ne déroge pas à la règle.

L’amour du travail bien fait

Le rappeur du 19ème arrondissement aime le travail bien fait. Il préfère prendre son temps afin de sortir des opus de qualité. Le dernier album de Jazzy Bazz « Memoria » a donc vu le jour ce 21 Janvier 2022. Son dernier album « Nuit » datait lui de 2018. Une éternité à une époque où il est de bon ton de sortir album sur album.

Il faut malgré tout avouer que Ivan, de son vrai prénom, n’a pas été inactif durant cette période. Il avait en effet envoyé la trilogie de Maxis « Mémento » entre Octobre 2020 et Janvier 2021. Puis avec ses collègues de « Grande Ville Records », Esso et Edge, il s’était fendu d’un superbe projet collaboratif nommé « Private Club ». Celui ci était sorti en Avril 2021.

Jazzy Bazz a donc pris le temps de peaufiner « Memoria ». Le rappeur aime le travail bien fait. C’est un perfectionniste. Il avouait d’ailleurs avoir fait écouter une première mouture de l’album à ses potes de l’Entourage dans le but d’avoir un avis honnête. Les retours n’étant à priori pas très bon, il a donc tout repris. Le résultat final est pour le coup plus que convaincant. 

Le rappeur découvert par beaucoup grâce aux rap contenders n’a rien perdu de sa technique au micro ou de sa verve. Son écriture est toujours très pointue. Il transpire de Jazzy Bazz une certaine authenticité. On sent bien que s’il veut évidemment vivre de son art, il préfère rester fidèle son public et à lui même plutôt que de se travestir ou de tomber dans la facilité.

« …pas besoin d’un disque de diamant. J’vis d’mon art, j’suis déjà content. Dans la vie faut faire preuve de bon sens. »

« Cœur, conscience »
Une ambiance léchée

On l’a toujours vu au travers de ses différents disques, Jazzy Bazz à une certaine fascination pour la nuit. Il a aussi un amour inconditionnel pour Paris. Ces 2 choses lui ont souvent servi de base pour instaurer des atmosphères particulières dans ses projets. « Private club », cité plus haut, en est le parfait exemple. L’association des prods et des flows des 3 amis consolide cet univers et nous aide a nous croire en virée avec eux dans ce Paris nocturne. On a réellement l’impression de passer des sièges cosy d’un bar à cigare de Montparnasse, au Rooftop privé d’un hôtel 4* de Montmartre en passant par la banquette d’un club de strip tease huppé de la rue de Berry!

Alors, certes « Memoria » n’est pas aussi conceptuel que le projet collaboratif de Jazzy Bazz, Edge et Esso Luxueux. Mais il garde les mêmes moteurs que sont la nuit, Paris et la mélancolie. Et grâce aux prods de Johnny Ola, Cheval Blanc, Kezo, Loubensky, Monomite ou Pibe, l’album réussit à vous mettre dans une certaine ambiance dont on ne ressort qu’à la fin des 17 titres. Le point commun entre tous ces beatmakers est de tous faire partie de l’entourage proche du rappeur. 

Par ses textes personnels, souvent empreints de spleen et de mélancolie, Jazzy Bazz contribue également au climat si particulier de « Memoria ». Il avait d’ailleurs illustrer cela par un premier extrait chez Colors avec le morceau « P-town blues ».

…un album bien pensé

Ce climat aurait pu s’avérer pesant sur 17 titres. D’autant plus que même s’il est un excellent rappeur, son flow et sa voix quelque peu monocordes, pourraient aveux aussi plomber le projet. Mais en jeune entrepreneur plein d’intelligence, Jazzy Bazz a songé à disséminer quelques featuring sur cet album. En effet, le rappeur a bien évidemment invité quelques un de ses potes de l’Entourage. On retrouve par exemple Alpha Wann ( Panorama) et Nekfeu ( Élément 115 ) sur 2 titres dévoilés courant Janvier. 

Jazz se joint aussi à Robdbloc pour le musclé « Mental ». Edge fait lui 2 apparitions. On l’entend effectivement sur « Dark City » mais également  sur l’excellent « zone 19 » qui lui aussi, était sorti avant l’album. 

L’album offre aussi 2 featurings inédits. L’un avec Josman (Albiceleste) et l’autre avec Laylow (.RAW Spleen). Et c’est là que Jazzy Bazz montre toute l’étendue de son talent. Sans jamais dénaturer sa façon de rapper, il arrive à mélanger son univers à celui très marqué de tous ses invités. A moins que ce ne soit son aura qui force ses convives à s’adapter. 

Le tout donne au final un très bon album qui d’écoute facilement et avec un énorme plaisir. La complexité de certains textes procurent de plus, le besoin de réécouter le projet en y cherchant un fil conducteur qui existe forcément mais qu’il faut aller dénicher. Avec « Memoria », Jazzy Bazz signe peut être  son meilleur album. Celui de la maturité ? En tout cas, c’est un album que l’on devrait voir citer dans les tops de chacun sur les réseaux sociaux  dans 11 mois.

2 réponses sur « Jazzy Bazz- « Memoria »: L’amour du travail bien fait »

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