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FLYNT – J’éclaire ma ville : « Le phare Parisien »

Le Nord de la capitale de notre pays a vu naitre et passer bon nombre de rappeurs incroyables. Dans les années 90/2000, la plupart d’entre eux étaient bien loin du coté « strass et paillettes – bling bling » des nuits parisiennes. Les rappeurs du 18ème arrondissement font partis de ceux qui ont mis un peu de lumière sur « l’autre Paname ». Retour sur le premier album de Flynt « J’éclaire ma ville ».

En Mai 2007, Flynt débarque dans les bacs avec son premier opus « J’éclaire ma ville ». C’est l’album d’un vrai titi Parisien venu mettre un coup de projecteur sur son « Paris Nord sale » avec toute l’authenticité qui le caractérise. Car oui, Flynt est « fidèle a son contexte » comme il le clamait sur son 1er maxi sorti en 2004. Alors quand il rappe, l’important reste cette sincérité et la qualité de sa plume.

Une plume destinée donc à décrire le quotidien de ce Paris qui abrite également des gens dont l’existence est différente du coté carte postale de la ville lumière. Ces textes sont un savant mélange de désillusion et d’amour pour la capitale.

 » L’Ile de France est une carotte parce qu’il y a pas la mer… »

Flynt – Ça fait du bien d’le dire »

En effet, peu de rappeurs peuvent prétendre avoir aussi bien décrit le décalage entre la vie dans les beaux quartiers et celle des arrondissements populaires. Sobrement, il décrit son quotidien qui tourne en rond fait de « squatting » de halls d’immeuble, de contrôles de polices, de trajets en métro ou en R.E.R et de journées de galère pluvieuses.

Mais Dieu merci, au milieu de tout cela, il y a le rap pour rompre la monotonie. Il y a aussi des « soirées passées à rapper ou à discuter autour d’un joint ou d’un flash » qui accouchent d’une musique faite avec « les moyens du bord ».

Et rapper Flynt le fait bien, même si il ne fait pas dans la fantaisie au niveau de son flow. Mais de toute façon, cela n’a jamais été le style de l’école du 18ème. Comme ses acolytes de la Scred ou de La Rumeur, Flynt privilégie le fond à la forme:  » 1 pour la plume » !

« …Qu’elle fasse ou pas la une, 1 pour la plume on assume ! On vient faire bouger ta tête et transmettre des émotions: 1 pour la plume, ex-aequo avec le gros son ! « 

1 pour la plume

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la plume est pointue ! L’écriture du rappeur est parsemée d’hommages et de références multiples à cette musique qui l’aide à échapper à la morosité ambiante. Un autre moyen fréquemment utilisé par la jeunesse populaire pour éviter de trainer et parfois même de se hisser socialement, c’est le sport. Et Flynt n’est pas avare de références au sport et au football en particulier lui qui est un supporter du PSG assumé. Par conséquent, il n’y a rien d’étonnant avec le voir balancer des phases imagées qui font mouche et se terminent souvent en lucarne. Mais justement, c’est là que l’on s’aperçoit de la finesse de Flynt et que le projet est bien plus subtil qu’il n’y parait.

Comme dit plus haut, le sport est un vecteur d’ascension sociale. Il utilise donc le sport ou des allusions s’y rapportant pour raconter sa vie et celle des autres afin que son message soit simple à saisir. Mais cela ne l’empêche pas de s’offusquer de cette situation. En effet, à travers deux morceaux qui sont parmi les meilleurs de l’album, il s’insurge contre les institutions politiques et la discrimination a l’embauche.

« J’attends plus rien d’personne, c’est pas les beaux discours qui réchauffent quand je frissonne! Si ma pensée profonde avait un intitulé, ce serait: Qu »ils aillent tous se faire enculer ! »

Ca fait du bien d’le dire

« Ça fait du bien d’le dire » et  » La gueule de l’emploi » en feat avec Sidi Omar sont en effet des sommets d’engagement et montrent que Flynt est bien capable de voir plus loin que le spectre de son 18ème.

Mais quand il s’agit de s’entourer sur quelques titres, il se recentre vite sur son « 18 ». En effet, on retrouve Sidi Omar donc, mais aussi JP Mapaula, Aki, Mokless et Ekoué sur la version « équipe » de « 1 pour la plume ».

En ce qui concerne les prods, Elles s’avèrent chaudes et lumineuses. Constituées pour la plupart de boucles de soul, elles viennent réchauffer le discours parfois froid du MC. Ce sont les Soulchildren, CHI, le Gang du Lyonnais ou encore Drixxxé qui s’y collent. Ce dernier signe d’ailleurs l’instru du magnifique « Tourner la page » qui vient clore de fort belle manière ce premier album.

« J’éclaire ma ville » est donc un album a écouter et qui révèlera Flynt à un plus large public. C’est une œuvre qui réussit la performance de se montrer à la fois très personnelle et en même temps tournée vers les autres!

De plus, dans une période ou le rap était bien moins en vogue qu’il ne l’est aujourd’hui et beaucoup plus sombre d’un point de vue lyrical, Flynt ne venait pas seulement éclairer sa ville, il apportait un peu de lumière sur ce qu’il considère comme un art, le rap avec un grand R !

L’album et son auteur étaient des phares. Pour ceux dont il faudrait attirer l’attention vers ce Paris moins clinquant hébergeant les moins aisés et les plus besogneux. Mais aussi pour ceux à qui il faudrait montrer le chemin vers un rap de haute qualité qui ne passait pas sur les ondes des grandes radios rap qui était soit disant « premières » sur ce style musical.

2 réponses sur « FLYNT – J’éclaire ma ville : « Le phare Parisien » »

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