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Le bilan du rap français en 2021

L’an 2021 arrive à son terme. Il est donc l’heure de jeter un œil dans le rétroviseur et de faire le point. Entre confirmations, révélations, déceptions et affirmations de certaines tendances, il y a encore une fois beaucoup à dire. Par conséquent, c’est en tentant de synthétiser tout cela, que nous vous dévoilons notre bilan sur cette année 2021 de rap français.

365 jours de rap, cela représente un nombre considérable de projets. Surtout en 2021 où le terme de surproduction dans l’industrie du rap prend tout son sens. En effet, grâce, ou à cause, des plateformes de streaming, il est de plus en plus compliqué pour les auditeurs de se repérer dans l’énorme flot de sorties hebdomadaires. Du coup, tirer un bilan du rap français en 2021 s’avère un exercice tout aussi complexe. Néanmoins, nous allons tout de même tenter de nous y coller. Alors certes, vous trouverez certainement des manques ou des oublis, mais comme dit plus haut, chacun tirera finalement son propre bilan.

Des têtes d’affiches décevantes ?

Beaucoup de têtes d’affiches étaient attendues cette année, en commençant par Booba. Le duc, qui est peut être le plus grand rappeur de l’histoire du pays, a sorti avec « Ultra », son dernier album. Bien entendu les résultats sont là. Le contenu du projet lui est en définitive plus que discutable. Et si l’album n’est pas mauvais en lui même, il n’est pas à la hauteur du dernier projet que l’on pouvait espérer de celui qui trône sur le rap fr depuis une vingtaine d’années.

De son coté, Sch a envoyé la très attendue suite de « Jvlivs ». Et là, le constat est similaire à l’opus de B2O. Là non plus, l’album n’est pas catastrophique mais il n’est malheureusement pas aussi bon que le premier volet. La faute à une direction artistique un peu moins poussé et donc un univers qui s’étiole quelque peu. C’est donc une semi déception.

Autre gros vendeur ensuite, Damso. Le belge nous a livré la réédition de son « QALF » nommée « …Infinity ». Mais là, l’avis est plus mitigé. Beaucoup ont crié au génie tant le rappeur est parti loin dans son délire musical. Mais de leurs côtés , les fans de la première heure se montrent déçus ne retrouvant pas le « Dems » de ses premiers albums en ce qui concerne les textes. Une critique plus détaillée est disponible ici.

Enfin, parlons de Rohff. Son dixième album « Grand Monsieur » est sorti le 10 Décembre. Par conséquent, on bénéficie d’un peu moins de recul pour juger de ce double album. Mais même si certains titres sont très très bons et nous rappellent la grande époque du Comorien, le bilan final est loin d’être transcendant. Peut être aurait il du faire moins de morceau et surtout plus de bons titres. Puisque le projet est tout frais, on se donne encore un peu de temps pour vous apporter une analyse plus poussée.

Ceux qui confirment !

Quand on fait parti du gratin du rap, on a forcément plus de chances de décevoir. Mais les nouveaux venus font aussi naitre des attentes. Et ils se doivent de confirmer les espoirs placés en eux. Parmi eux, on citera Tedax Max. En 2020, le Lyonnais avait envoyé plusieurs singles bien musclés qui avaient fait monté la hype. Et il n’a pas trainé pour confirmer. Dès le 1er Janvier, il sortait l’excellent « Forme Olympique ». Une véritable claque tant dans les prods que dans le rap proposé par l’artiste. Mais il ne s’est pas arrêté là. En Juin et Décembre, il révélait les deux autres volets de cette trilogie. Nommés « Middle Season » et « Final Season », ils ont justifié tout le bien que nous pensions de « OG Max ». Ne lui manque donc plus que la reconnaissance d’un public plus large.

Autre confirmation, Ben PLG. Après « Pour la gloire » et « Dans nos yeux » sortis respectivement en 2019 et 2020, le rappeur du Nord a délivré « Parcours accidenté ». Avec ce projet de 13 titres, il a fait étalage de tous ses talents et montré que l’on pouvait allier le fond et la forme avec une efficacité redoutable. D’ailleurs, on vous invite à lire la chronique détaillée de ce projet.

Du coté des confirmations, il y a aussi ceux qui ont explosé aux yeux d’un public plus large alors qu’ils ont depuis un moment le respect de l’underground. Les plus assidus connaissaient donc déjà Souffrance, membre du collectif L’Uzine avant 2021. Mais suite à un freestyle dans l’émission Planète rap, il a enfin pu toucher le plus grand nombre. Son premier album « Tranche de vie » sorti quasiment dans la foulée a confirmé ce que l’on pensait depuis un bout de temps. Souff’ a bel et bien sa place dans le top des rappeurs, au sens noble du terme, du pays.

Pour conclure, parlons d’un autre artiste qui a sorti son véritable premier album, Sopico. En effet, le polyvalent artiste a livré avec « Nuages », un opus de grande qualité. Lancé par l’incroyable « Slide » et son clip magnifique, l’opus a tenu toutes ses promesses et montré que l’on pouvait être un vrai rappeur et repousser les limites de ce genre musical sans se compromettre.

Les surprises

Puisque les nouveaux artistes pullulent, chacun aura sa ou ses surprise(s) de l’année. Ici, on citera évidemment Ziak et son album « Akimbo » qui a réussi a faire d’un album Drill, l’un des meilleurs démarrage du pays. On évoquera aussi Vin’s qui après des apparitions sur divers projets et plusieurs freestyles a fourni au rap français le très bon « Manifeste ».

Jewel Usain, a lui aussi sorti un projet hautement qualitatif avec « Mode difficile ». On doit avouer qu’ici, on ne s’attendait pas forcément à un premier projet aussi dense et complet. Quand on parle de projet dense, on est obligé de citer « Bleu Gospel » de Tuerie. Un album incroyablement musical et personnel qui ravira tout ceux qui aiment les prods travaillées et les rappeurs qui ont des choses à dire.

Et que dire de Djado Mado ? En 2 EPs nommés « Noor 1&2 », le Valentinois a mis beaucoup de monde d’accord. Gros kickeur, respectueux de la culture rap, le membre de l’écurie « Double M » de Madizm a prouvé qu’il était de ceux sur qui il faudra compter dans le rap français après 2021.

Les anciens sont toujours là…

C’est un fait, en 2021 on a vu beaucoup de sorties venant d’artistes présents dans le game depuis plus de 20ans. Exceptés les Rohff et Booba cités plus hauts, les old timers se sont montrés actifs cette année. On a notamment eu le « C pas sérieux » de Busta Flex. Zesau a sorti de son coté l’excellent « Coup Classique » pendant que Veust nous servait « Alley oop ». Un autre vétéran du sud de la France en la personne de Sako nous divulguait le très beau et poétique « Meta ». Autre retour de Sudiste, cette fois ci moins prévisible, celui de Keny Arkana avec son album « Avant l’exode ».

Certains n’ont jamais vraiment fait de pause et ont donc approvisionné les bacs en 2021. Parmi eux, on retrouve Rim’k et son « A.D.N » ou encore Rockin’squat qui a sorti le revendicatif « Prison Planet ». Évidemment, le groupe IAM n’est pas en reste. Avec « Rimes essentielles », ils lâchent un projet qui n’est pas révolutionnaire mais fidèle à la qualité de ce qu’ils font depuis plus de 30 ans.

… et le Boom Bap fait son retour !

« Le rap c’était mieux avant » ! Qui n’a jamais entendu cette phrase ? Et bien figurez vous que le rap français en 2021 peut se parfois se rapprocher de ce « avant » . Sans forcément aller, jusque dans le Boom Bap, on a eu le droit à pas mal de projets dont les sonorités se rapprochent de ce rap à l’ancienne.

Par exemple, l’excellent album de Maj Trafyk et Kyo Itachi « Advienne que Pera » est une merveille du style. Il en va de même pour le projet puant le rap New yorkais « Mac 10 Music » de M City, duo composé de Black P et Fresh One. Le projet de Souffrance évoqué plus haut s’inscrit aussi dans cette catégorie. Grodash et son « Ghetto littérature » sont résolument old school tout comme l’excellent « Sale d’attente » du Marseillais R.E.D.K.

Bien évidemment, Guizmo et Hugo TSR sont des représentants assumés de ce rap à l’ancienne. Avec « 10ans » et  » Une vie et quelques », les deux artistes ont su satisfaire leurs fan bases tout en montrant que ce style avait encore toute sa place dans le paysage du rap français de 2021.

Et enfin, comment ne pas parler de retour du Boom Bap sans parler de Benjamin Epps. Le rappeur symbolise a lui seul ce regain d’attention des jeunes artistes pour ce style rétro. Entre ses multiples apparitions et son projet avec le Chroniqueur sale, « Fantôme avec chauffeur », il a remis au gout du jour cette forme de rap.

Le retour des compilations

2021 marque également le retour des compilation dans le paysage du rap français. En effet, ce format était plus que courant dans les années 90/2000. Il y a bien sûr eu le « Classico organisé » initié par Jul. Le projet de réunir plus de 150 artistes Parisiens et Marseillais sur 30 titres devait s’avérer dantesque. Il aura au final était décevant.

Dans le même registre, le beatmaker Mani Deiz dans son « All Star Game » a lui aussi réunit beaucoup de rappeurs sur 40 titres. Et pour le coup, c’est une totale réussite. Eben et Stelio ont également rendu un bel hommage aux compilations à l’ancienne. Leurs projets « Kill Me » est d’une qualité folle et réunit anciens et jeunes rappeurs de sorte que l’on se croirait revenu à l’époque de « Première Classe ».

Citons également, une compilation un peu passée sous les radars. « Coulez mes larmes, dit le policier » est une compilation sortie par le label Mauvais Sang. On a ici affaire à un projet multi artistes dont les thèmes sont entre autres la dystopie, les violences policières ou la rue.

La nouvelle vague

Il est vrai que le rap évolue. Une nouvelle vague fait donc son apparition. Et en ce moment, elle pousse fort proposant des choses innovantes. Parmi ces nouveaux artistes qui remplissent les playlists des plus jeunes, on trouve notamment JMK$, fils d’Akh, qui multiplient les projets aux ambiances particulières.

Un style particulier, c’est aussi ce qui caractèrise So La Lune. Ce très productif artiste a sorti 7 EP rien qu’en 2021. Grâce à sa voix singulière, ses mélodies entêtantes et sa mélancolie palpable, il a conquit un public qui ne cesse de s’agrandir.

Mais quand on parle de « New Wave », on pense de suite à Khali et La Fève. Il faut dire que ces rappeurs ont sorti deux très bons projets que l’on retrouve dans les nombreux tops de fin d’année qui fleurissent sur les réseaux sociaux. Si vous n’êtes pas familiers de cette nouvelle vague, allez donc écouter « Laïla » de Khali et « ERRR » de La Fève.

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