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Furax Barbarossa – « Caravelle » : Ouragan d’émotions

Présent dans le rap Game depuis plus de 15 ans, Furax Barbarossa reste un rappeur que l’on peut qualifier d’underground. Tout du moins, il n’est pas un artiste grand public. Il a pourtant tout ce qu’il faut pour figurer au même rang que certains grands rappeurs français. D’ailleurs, ce n’est pas son dernier album sorti début juillet qui nous fera dire le contraire. Chronique de Caravelle, le dernier bijou de Furax Barbarossa.

« Il y a ceux qui entament leur voyage en ayant préparé leur sac de provisions, tracé au feutre rouge l’itinéraire sur une carte… » C’est par ces mots que s’ouvre Caravelle le dernier opus de Furax Barbarossa. Son voyage à travers le rap et aussi sa vie, le Toulousain ne l’a visiblement pas préparé avec autant de minutie que les gens dont il parle dans cette intro parlée. Le rappeur à la barbe rousse a manifestement connu une existence faites de hauts et de bas, de « creux de six mètres » et de diverses blessures. Des événements qui l’ont évidemment profondément marqué et qui ont forgé ce caractère brut.

C’est d’ailleurs cette force de caractère et ses failles que Furax dévoile dans cet album très personnel de 17 titres. Celui qui a écrit les interludes des JVLIVS de SCH, y raconte son histoire de façon très cinématographique. Il se montre capable de parler de sa jeunesse pas toujours facile ou de son père violent comme dans le titre « Porcelaine », sur lequel l’accompagne Sofiane Pamart au piano. C’est réalisé avec une pudeur certaine, mais en employant des images qui parlent d’elles-mêmes. Il en va de même pour « Gelati », morceau adressé à sa mère. Mais ce titre, qui clôt le projet, est bien loin des (trop) nombreux morceaux clichés du rap français dédiés « à la Mama ». C’est plutôt ici, une véritable performance d’auteur que nous livre le Toulousain. 

Cover de Caravelle de Furax Barbarossa

Un rappeur romantique

Cette immense capacité à l’introspection n’est qu’une des nombreuses qualités du rappeur du Sud-Ouest. Furax est un rappeur résolument romantique. Probablement l’un des derniers dans le rap français. Car en plus de cette faculté à se livrer dans ses textes, il apporte également un soin incroyable à l’écriture de ses morceaux. La façon dont il enchaîne les multi-syllabiques sur le morceau « Coliseum », par exemple, pourrait être étudiée en cours de français. Une approche romantique de l’écriture dans le sens où l’on sent un profond respect pour les rappeurs qui l’ont influencé. L’école Time Bomb avec Lunatic et les X-Men ou encore Salif fait en effet partie des artistes que Furax apprécie énormément. Le haut du panier en termes de style et d’écriture.

Un romantisme qui s’exprime également à travers ses références footballistiques. Au travers des morceaux, il évoque les Galactiques et Zidane, la grande époque du Milan AC avec Maldini et Nesta, le stade de la Bombonera ou l’attachement de Francesco Totti à l’AS Roma. Ce dernier exemple témoigne notamment des valeurs, que l’on peut aussi qualifier de romantique, que Furax défend à longueur d’album. L’amitié, la fidélité, la sincérité ou l’honnêteté en sont quelques-unes. Il ne s’est d’ailleurs entouré que de gens qui partagent les mêmes valeurs que lui pour cet album. En effet, on ne retrouve que 3 artistes en featuring à savoir Scylla, L’hexaler et donc Sofiane Pamart

La façon qu’il a de concevoir le rap a aussi ceci de romanesque qu’il ne cède pas à la facilité du tube calibré radio, mais préfère faire la musique qui sort de ses tripes. C’est d’ailleurs ce que Furax clame dans les premières mesures de « Uragano », premier extrait de l’album. Bref, avec Caravelle , Furax prouve, s’il en avait besoin, qu’il est un des plus grand lyriciste en activité dans le rap hexagonal. 

Une ambiance musicale dantesque

Mais de grands textes dans un album de rap ne sont rien sans de grandes prods. Celles de cette galette sont l’œuvre de Amertume, Mehsah, 9th Beat, Itam, Neuroz pour ne citer qu’eux. L’ambiance musicale est carrément dantesque sur une bonne moitié de l’album. Si l’on ferme les yeux, on peut se retrouver transporté en plein combat de gladiateurs au milieu du Colisée, comme dans un bateau en pleine tempête, ou à Palerme.

Surtout, c’est Guilty, membre fondateur du Katrina Squad qui a supervisé tout cela, mais aussi signé quelques instrus. D’ailleurs, Furax est signé sur son label Jardins noirs. Le producteur a réussi à donner un fil conducteur à Caravelle et à y apporter encore plus de cohérence. Un morceau comme « Brise de mer » par exemple bénéficie d’une prod incroyable. L’univers du morceau est tel qu’il aurait bien plus mérité sa place sur JVLIVS II que certains titres s’y trouvant. Mais c’est un autre débat. 

Entre toutes ces considérations poético-romantiques, on en oublierait presque de dire que Furax Barbarossa est surtout un redoutable rappeur. Doté d’une voix singulière avec laquelle il transmet une énergie folle lorsqu’il kicke au micro. Il apparaît parfois énervé, parfois plus calme mais toujours techniquement impeccable. La maîtrise de son art est totale sur les 17 pistes et les 53 minutes que dure le LP. Il est clair qu’avec Caravelle, Furax vient de sortir un des grands albums de rap français de 2022. Mais aussi de prouver qu’il est un des meilleurs rappeurs du pays. Et « si les vrais le savaient, les autres l’apprendront » grâce à cet album.

4 réponses sur « Furax Barbarossa – « Caravelle » : Ouragan d’émotions »

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