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La rentrée du rap français

Après un été plutôt calme, le rap français a fait sa rentrée des classes. L’occasion pour IntergénéRaptions de faire le point sur le dernier semestre de 2022 qui nous attend.

C’est une habitude prise pour le rap francophone depuis plusieurs étés de ralentir la cadence. Cette année encore, exceptée quelques pépites, la période estivale a été plutôt calme au niveau des sorties musicales. Le mois de septembre marque donc une rentrée chargée pour le rap français. Dans ce fil d’actualité brûlant, IntergénéRaption a sélectionné les albums annoncés et donné nos attentes pour les derniers mois du crue 2022.

Les albums annoncés

Dosseh – Trop tôt pour mourir

Au début de l’été, Dosseh a dévoilé un intriguant court-métrage, intitulé « La peau de l’ours ». Sur cette vidéo de moins d’une dizaine de minutes, on y découvre un Dosseh loin du rap, tournant en rond dans “son manoir” (coucou Young Thug). C’est sans compter sur sa détermination pour marquer son retour: le 30 septembre avec l’album Trop tôt pour mourir.

Cover du troisième album de Dosseh, signé Fifou.

Avec ce titre et cette pochette, Dosseh annonce la couleur. Excepté le titre estival avec Lacrim, l’Orléanais a prouvé sur ces deux autres extraits, qu’il a gardé sa plume brute servie sur des prods chargées en testostérones. Côté tracklist, Dosseh et son manager emblématique, Oumar Samaké gardent le suspense jusqu’au bout. On espère surtout qu’il saura toujours nous faire frissonner par son sens de la punchline, une qualité qui se raréfie dans le game mainstream actuel.

Prince Waly – MOUSSA

Cette fois-ci, c’est la bonne. Après une impulsion en solo en 2019 et l’E.P BOY Z, avortée à cause de problème de santé, Prince Waly est fin prêt. Depuis le début d’année, le Montreuillois a repris son marathon. Le sublime « Walygator » a été dévoilé en guise d’apéro en attendant le plat de résistance prévu le 30 septembre avec MOUSSA. Pour son premier album solo, Waly a dévoilé une cover léchée et un casting incroyable. De quoi rajouter de la hype à son retour.

Niveau musique, Prince Waly n’a rien perdu de sa verve au micro, qu’on connait depuis ses débuts avec le groupe rétro nineties Big Budha Cheez. On peut s’attendre à de grosses séquences de kickage avec les invités Freeze Corleone ou encore Ali. Mais, l’album risque aussi de révéler ses autres palettes artistiques. Sur la récente vidéo Colors, Waly révèle un côté plus intimiste et une voix plus posée. Le 30 septembre s’annonce comme son couronnement.

Souffrance – Tour de Magie

On reste à Montreuil, avec Souffrance. Depuis son excellent premier album, Tranche de vie (et son freestyle chez Skyrock), le rappeur a changé de dimension. Avec un succès d’estime pour son premier long format, Souffrance a multiplié les apparitions et enchaîné les dates de concert. Loin de se reposer sur ses acquis, le membre de l’uZine a annoncé un nouvel opus, Tour de Magie pour le 14 octobre prochain.

Les premiers extraits dévoilés montrent que Souffrance reste fidèle à son rap dense et ses rimes multisyllabiques sur des beats résolument boom-bap. Mais le morceau clippé « Hall 26 » a montré que le rappeur savait aussi évoluer sur les prods plus modernes de TonyToxic.

Après la sortie du skeud, notons aussi son premier concert parisien qui se déroulera à la Machine le 27 octobre. Il n’est pas seul à être actif dans son crew puisque CenZa reviendra avec un prochain album nommé Z.O courant de l’année.

Saboteurs Mixtape Vol. 1

Plus de dix ans après s’être révélé avec l’Entourage, Deen Burbigo continue de faire vivre son rap en collectif. Désormais, à la tête de son propre label, il a annoncé pour le 7 octobre, la parution de Saboteur Mixtape Volume 1. La tape réunit un beau panel de MC allant des habitués Jazzy Bazz, Doums, Alpha Wann, Nekfeu; Ratu$, membre de Saboteurs Records et des surprises comme Nubi ou La Fève.

Le premier extrait où Deen, Eff Gee, Ratu$ et Esso Luxueux croisent le fer, rappelle l’époque des posse cut façon années 2000. « Saboteur Gang » révèle une forme olympique des rappeurs et si le projet reste sur ce même niveau, le 7 octobre, on risque de bien manger.

Nos volontés pour ce dernier semestre !

Avec la rentrée, on est en droit d’exprimer nos espérances pour le rap français avec les rêves les plus fous. Comme de voir Lino et le Rat Luciano sortir de leur tanière pour nous délivrer de la nouvelle musique (on y croit pas trop). Ou que PNL parachève cette année exceptionnelle pour nous livrer un 5e album, même si une partie de la rédac n’est pas du même avis.

Les beatmakers au pouvoir

De manière plus réaliste, on souhaite une meilleure reconnaissance des producteurs francophones. La bonne santé du rap doit beaucoup aux talents et à la pluralité de leurs beats. Depuis quelques temps, certains beatmakers s’affranchissent de cette étiquette de rat de studio pour être plus médiatiser. Récemment, Mehdi Maïzi invitait Zeg P pour son émission Le Code. Cela passe surtout par la sortie de projet sur leur propre nom. Cette année, on peut citer l’excellente tape de Kyo Itachi, Solide.

D’autres, comme Prinzly cherche à être considérer comme un artiste à part entière. Plusieurs années dans le circuit, des collaborations avec La Fouine, Damso, Hamza ou encore Disiz, le producteur belge a teasé un projet rappé à suivre.

Plus de prise de risque svp

En 2022, il n’est pas cavalier de proclamer que le rap francophone se porte bien. Au niveau des charts, les certifications pleuvent et le genre occupe les premières places des plateformes de streaming. Cet été, de nombreux festivals avaient en tête d’affiches des rappeurs et rappeuses. Malgré ces points positifs, on a aussi la sensation que le rap tourne en rond. Particulièrement le rap mainstream qui laisse peu de place à la prise de risque.

Sorti début juin, l’album du S-Crew symbolise ce côté. Le crew de Nekfeu a ravi ses fans, mais le LP se révèle presque anecdotique. Cette sensation d’une musique fan-service, empêche les propositions innovantes. On le voit aussi dans les tracklist qui cochent les mêmes noms. Au hasard, on peut citer Gazo pour le côté street, Ninho pour avoir la SACEM et Hamza pour un côté cool.

Pourtant, la scène moins exposée et indépendante continue à proposer des visions artistiques singulières et différentes. On aimerait que ces deux scènes arrêtent de se regarder en chien de faïence pour se mélanger davantage. Pour la beauté du rap… Est-ce trop demander ?

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