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DJ Weedim: Entretien entre deux fournées

Trap, divertissement, rimes multi syllabiques, énergie un peu gogole et découverte de nouveaux rappeurs, autant d’ingrédients que DJ Weedim a réunit pour Boulangerie Française vol. 5. L’occasion était trop belle pour discuter avec lui autour de ce nouveau volume et son insatiable envie de faire de la musique.

Depuis plus de dix ans, son nom a été associé à une floppé de rappeurs. Alkpote, Vald, Seth Gueko, Luv Resval, Biffty pour ne citer qu’eux, ont tous posés sur ses productions sautillantes et gorgées en énergie. Avec sa série Boulangerie Française, DJ Weedim s’est forgé une solide réputation au sein du Hip Hop français. A la fois DJ, beatmaker, mais aussi rappeur, il vit son art comme une aventure collective. A l’occasion de la sortie du volume 5 de sa série, Boulangerie Française, IntergénéRaptions a pu s’entretenir avec le boulanger en chef de la Trap en France. Un entretien en total détente où DJ Weedim a pu évoqué sa nouvelle vie à Barcelone, sa vision de la trap et son processus créatif.

IntergénéRaptions: Boulangerie Française Vol 5 est sorti le vendredi 17 février, quel est ton état d’esprit ?

DJ Weedim : Super ! J’ai déjà pas mal de retours, notamment de la part de petits médias qui ont relayés le travail donc c’est cool.

IntergénéRaptions : Le dernier volume date de 2020, pourquoi autant d’attente ? Est-ce que tu avais besoin d’un peu de repos après avoir autant envoyé ces derniers temps ?

DJ Weedim : Déjà, il y a eu le Covid qui a ralenti tout le monde et moi aussi dans mes projets. Par la suite, j’ai déménagé à Barcelone depuis deux ans, donc j’ai pris mon temps pour m’adapter, construire un nouveau studio tout ça. Mais j’suis toujours connecté à Paris, j’y ai habité 20 ans, donc j’ai toujours mon équipe là-bas comme mon ingénieur du son Anh Ninh Garret. Je peux être dans le centre de Paris en moins de deux heures, c’est presque plus rapide que le RER (rire).

Après niveau taf, 2021 j’ai beaucoup donné, j’ai travaillé sur 5 E.P avec des news comers comme on les appelle. Donc ouais, il fallait souffler un peu.

Cover de Boulangerie Française Vol.5
I: C’est vrai que c’est très caractéristique de ton travail, de bosser avec des artistes émergents. C’est ce que tu préfères ?

W: J’aime bien découvrir des nouveaux artistes. Comme j’suis DJ, à l’époque où j’achetais des vinyles, une fois sur deux, je préférais la faces B. Donc oui j’aime depuis toujours découvrir de nouveaux artistes.

I: Pour en revenir à Boulangerie Française c’est un concept que tu as créé en 2015.

W: Ouais c’était sur Haute Culture, en free dowload, une autre époque. En fait, ce sont eux qui m’avaient proposé de le mettre sur leur site quand ils ont vu la tracklist [on retrouvait au casting Alkpote, S. Pri Noir, Joe Lucazz, Vald, Biffty, Jok’Air, A2H entre autre]. Et c’est grâce à l’engouement que j’ai poursuivi le concept jusqu’à arriver au volume 5 ! Car moi au début, je voulais juste faire de la musique.

« C’est les gens qui enferment les artistes dans des cases, nous on veut juste faire de la musique ! »

I: Sur ce dernier volume, on retrouve des artistes comme Souffrance, Limsa qu’on est pas trop habitué à entendre sur des rythmique trap. Comment tu composes ton casting ?

W: Si tu suis le rap actuel, tu sais que c’est des figures inévitables dans l’underground. Après des mecs comme Souffrance, ça fait plus de 10 ans qu’ils rappent, le travail paye maintenant. Quand je les contacte, ils connaissent mon travail, ils savent qui je suis. Au final, c’est les gens qui les enferment dans des cases, nous on veut juste faire de la musique.

I: Donc c’est toi qui les contacte directement. Comment ça se passe quand tu travailles avec eux, tu es toujours en studio avec eux ?

W: Ouais je préfère être avec eux en studio, c’est quand même plus cool. Après pour le projet, c’est arrivé à deux trois artistes de m’envoyer leur son car c’était pas possible qu’on soit ensemble.

Lorsque je travaille avec des rappeurs, d’habitude je leur envoie des packs de prod et ils font leur choix. Ca m’arrivait avec Biffty et Alkpote de faire les prod en direct. Ensuite, j’peux donner des idées aux rappeurs, c’est une collaboration.

I: Sur ce volume 5 de Boulangerie Française, on retrouve « Tounsi pt. 3 ». Est-ce que Alkpote c’est l’artiste avec qui tu préfères collaborer?

W: Clairement ! C’est même trop facile de bosser avec Alk, on se parle presque pas en studio, c’est presque automatique. Et puis on est de la même génération, on rigole bien ensemble, on est des vieux loubards !

« En 10 ans, la Trap est devenue la musique du peuple ! « 

I: Tu es le précurseur de la trap, qui est devenu un genre prépondérant dans le rap français. Comment tu vois ça ?

W: En 10 ans, c’est devenue la musique du peuple ! Au début, il y avait la dirty south à la fin des années 2000 puis t’as la trap qui est arrivée. Je me rappelle que les gens étaient réticents au début, maintenant, des gens n’écoutent que ça. Pour certains c’est devenu l’image du rap.

I: Sur ta tape on retrouve Bob Marlich, une des figures d’un nouveau genre du rap français. Comment s’est fait cette collab’ ?

W: En fait, avec Bob Marlich, on se connaît depuis plus de 10 ans. Il est de la famille de Tuco [ex Natty Boss]. Il m’envoyait régulièrement ses sons par mail, donc je suivais son taf. Lorsque le moment s’est présenté, on est allé en studio.

I: Le son est super, la prod est folle dessus…

Ouais je l’ai faite avec Kenan Belzner, un Canadien avec qui je bosse depuis quelques temps. En fait, je bosse jamais sur mes prods seul, y’a toujours quelqu’un qui apporte des éléments, parfois ça peut être juste une mélodie, mais c’est le cas pour tout le monde.

I: Je suppose que tu as toujours un œil sur ce qui se passe aux States….

W: En fait, j’ai jamais vraiment écouté de rap français, c’est toujours eux qui donnent le poul. Et comme y’a toujours des nouveaux trucs, on s’ennuie pas. Y’a pas longtemps, j’ai découvert UrFavxBoyfrien, un mec qui siffle dans ces morceaux. Y’a une vibe des voix chelou en ce moment avec des mecs comme Khali, j’aime bien.

I: T’as sorti quatre morceaux clippés du projet dont le dernier avec Alkpote, est-ce qu’il y en a d’autres en préparation ?

W: Il y aura un cinquième mais ça dépend des retours des gens. On va préparer ça avec ceux avec qui je collabore pour les clips, Kamel Gondry, un bon loubard et Lucas Beauford.

Weedim et l’Empereur
I: Ces derniers temps, tu as mis en un avant un nouvel artiste YUNG LIDDLE, qu’est-ce que tu prépares avec lui ?

C’est moi qui a créé cette créature, du jeune supermarché. On prépare un E.P qui devrait sortir entre avril et mai, mais on prend notre temps. On démarre donc on a pas de pression, on fait au feeling.

I: Est-ce que le volume 6 de Boulangerie Française est quelque chose que tu envisages ?

W: A chaque fois, je me dis c’est bon j’ai livré le dernier volume, j’arrête le concept, je passe à autre chose, mais j’peux pas. Donc c’est sûr, il y aura un volume 6.

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