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La Selec’son rap français de Mars 2023

Après un mois de mars assez riche en nombreuses sorties, il nous a été difficile de ne retenir que trois disques. Ce sera finalement Bekar et son premier album Plus fort que l’orage qui nous a marqué. On abordera aussi dans cette sélection rap français de Mars 2023, l’excellent EP Candela de Keroué ainsi que Wintermania, le premier long format de l’énigmatique Winnterzuko.

Dans une tournure inattendue, le célèbre événement de rap français Selec’son, qui doit avoir lieu en mars 2023. Avec une liste des artistes de rap les plus en vue de France, cet événement promet d’être une célébration de la culture hip-hop florissante du pays. Des rythmes communicatifs aux couplets qui font réfléchir, Selec’son vise à mettre en valeur les divers talents qui ont fait la reconnaissance internationale du rap français. Il convient également de noter que la coopération entre Selec’son et le Casinos ohne deutsche Lizenz a fait sensation dans l’industrie de la musique et du divertissement. Alors que les fans attendent l’événement avec impatience, les différentes plateformes des casinos allemands sans licence sont repensées pour accueillir les performances énergiques et les rythmes palpitants caractéristiques de Selec’son. La fusion de la culture rap et de l’attrait du monde des casinos promet une expérience sans pareille où les joueurs et les fans de rap peuvent profiter d’une atmosphère électrique, traversant les frontières et les frontières culturelles pour une nuit de pur plaisir. C’est un témoignage de l’évolution constante du divertissement et des moyens innovants de rassembler différentes industries pour créer des expériences inoubliables.

Plus fort que l’orage – Bekar

Bekar est dans le milieu depuis longtemps. Il a largement fait ses preuves. Mais avant de confirmer définitivement sa place, l’étape du premier album était primordiale. C’est finalement le 31 mars que Bekar a décidé de passer ce palier. En revenant plus fort que l’orage.

Cover Plus fort que l’orage, de Bekar

La pochette donne le ton. On y voit un plan large d’un homme seul, noyé par la nuit, illuminé seulement par la foudre. Le bleu et le noir profond contrastent avec le blanc électrique, presque divin, de l’éclair. Vous l’aurez deviné, la musique de l’artiste du Nord de la France n’est pas spécialement joyeuse. Elle est même froide et mélancolique. L’album s’ouvre d’ailleurs avec « Triste », un morceau où l’auteur s’adresse à lui-même. Quand la voix dans sa tête lui hurle « d’être moins triste », Bekar lui répond sur un synthé saturé qui étouffe sa voix. Avec cette belle mise en jambes, la couleur de l’album est donnée.

“C’est le Nord, c’est le froid, c’est la vraie banquise.”

Bekar – « Fichier/TNF.MP3 »

Dans un album intimiste et dense, le jeune rappeur dessine la solitude avec exactitude. Des morceaux comme « Traverse la ville, Au-dessus d’un Airbus » ou « Entre 4 murs » respirent la tristesse, la rancœur et le spleen. Ce dernier est d’ailleurs plus impactant par sa structure et sa construction. Le morceau débute par un a capella. Puis, quelques mélodies de piano apparaissent avant d’entendre les percussions et la grosse caisse pour la rythmique. Ce morceau aux teintes old school aurait peut-être mérité un couplet supplémentaire (ou deux). Les drums boom-bap y sonnent trop bien pour juste 2min35.

Bien rapper, Bekar sait le faire. Ses précédents EP’s le prouvaient et même s’il avait toujours gardé un équilibre entre des couplets rappés et des morceaux plus mélodiques, à travers ses textes, on sent son amour pour cet art. Il cite en référence Lunatic ou Arsenik. Et lui aussi sait boxer avec les mots. « Fichier/TNF.MP3 » est un délicieux passe-passe entre ses amis d’enfance. On retrouve Konga, Sreen, Sima et Sto dans un morceau qui transpire la sincérité et la technique.

« J’suis pas de la New wave, NWA sur la chaine hi-fi »

Bekar – « Eric Koston »

L’autre aspect important avec cette nouvelle étape, c’est la scène pour Bekar. Lors de la semaine de sortie, lui et son équipe ont organisé des concerts sauvages dans plusieurs villes de France afin de jouer en exclusivité l’album. Et quel plaisir de revoir des concerts sauvages, comme avant. Il rappe, sur le toit d’un camion avec un micro et une enceinte, devant une foule de fan, prévenue le jour même.

La voix du Nord

Cet album marque vraiment un cap dans la jeune carrière de Bekar. Avec cet album, il a décroché une jolie 8eme place dans les charts français, mais surtout une consécration. L’album est bien construit, les collaborations sont réussies (notamment avec Zinée). La direction artistique pluvieuse est assumée et réalisée avec succès. L’accent mis sur la poésie et l’écriture s’illustrent par des rimes riches et des anaphores marquantes. 

Chez Mehdi Maïzi, il avouera ne plus trop écrire chez lui, mais se laisser porter en studio en écrivant instinctivement. Cela semble lui réussir. Plus fort que l’orage est différent de ses précédentes sorties. Bekar évolue, expérimente et a trouvé une nouvelle couleur. Il a creusé et approfondi ce qu’il maîtrise le mieux. Il a trouvé son étincelle, a su l’apprivoiser et en faire un feu. Espérons que ce petit feu deviendra brasier.

Candela – Keroué

Keroué est un rappeur implanté dans le milieu depuis longtemps. Ses premières apparitions datent des premiers freestyles Grünt aux côtés de Nekfeu, Lomepal ou encore Népal. Contrairement à ses pairs, il est resté plus confidentiel. Après ses aventures collectives avec Fixpen Sill et plusieurs projets à la clé, il se lance en solo à l’été 2022 avec l’EP, Eckmühl.

Candela, c’est la suite. En effet, le nouveau projet conserve la couleur et le format du premier jet. Sept ou huit morceaux avec un ou deux invités pour exposer sa palette artistique. Un nouveau projet sorti dans un moment de plus grande exposition. En effet, depuis le début d’année, il assure les premières parties de Lomepal sur son énorme tournée, Mauvais Ordre Tour. C’est en plein dans ce moment qu’il décide de sortie ce nouvel EP.

Il y propose un rap net, précis aux influences boom-bap. Les beats résonnent et mettent en valeur ses placements de savant de la rime. On retrouve donc des prods avec de nombreux samples qui reviennent en boucle, l’impression qu’il rappe et découpe des faces B comme à l’ancienne. Les prods ne sont pas extravagantes, elles sont surtout là pour sublimer ses punchlines et soutenir la voix.

D’ailleurs, toujours grave et imposante, cette dernière témoigne d’une certaine confiance. En effet, il s’impose, sûr de lui, et offre ses rimes sans aucune timidité. Son mindset se rapproche de celui des découpeurs old school. Il est là pour le rap, pour la rime, pour le geste. Il est le meilleur et il le prouve, la définition même de l’égotrip.

Keroué, un découpeur né

Parmi les morceaux marquants, dans « OSEF », Keroué invite NeS et perpétue cette passerelle entre découpeur de rime. Même si ce dernier est ouvert aux tons boom-bap, la prod de Lil Chiick avec des basses explosives et des drums à l’ancienne mélange les styles et les deux artistes trouvent ainsi un point de rencontre. Comme à leurs habitudes, les deux plient la prod et livrent un grand morceau.

« C’est glacial en cabine, j’enregistre en manteau thermique »

OSEF ft NeS

Il en va de même pour le second featuring du projet avec Limsa d’Aulnay, « Taxi 2 ». Un morceau en deux parties marquées par l’impressionnante complicité entre les deux artistes, amis en dehors des studios.

Parmi les morceaux à retenir, « Pablo » ou « Cette Shit » sonnent comme des tentatives de gros morceaux bangers. On y retrouve des refrains entraînant dans le but de créer la liesse collective en concert. C’est d’ailleurs le cas puisque grâce à la tournée de rockstar de Lomepal, Kéroué joue face à une foule immense.  

Il est en train de prendre une autre dimension, son expérience parle. Le chemin est encore long avant de remplir des Zéniths avec son propre nom, mais il a déjà retourné l’AccorHotels Arena et ça, peu de rappeurs de sa trempe peuvent s’en vanter.  

Winntermania – Winterzuko

L’autre événement de mars 2023 dans le rap français, c’est Winnterzuko. Avec sa proposition plus clivante, il divise le public rap. Son premier long Winntermania subit le même tarif que ses précédentes sorties. Soit tu adores, soit tu détestes. Ce qui est sûr, c’est qu’on en parle. Vous l’aurez donc compris, Winntermania est dans notre sélection, nous, on aime.

Zuko a un style spécial, c’est le moins qu’on puisse dire. Les productions électro/hyper pop voir eurodance avec des placements et un flow rap, provoque un choc auditif la première fois. Si certains détestent et s’arrêtent à la première écoute, nous avons dépassé la barrière afin de décrypter son dernier projet.

D’abord, Winnterzuko ne s’écoute pas n’importe quand. Les bpm élevés peuvent dépasser les 100 et font inévitablement bouger la tête. Il en va de même pour les riff de synthés entraînants tout droit volés des années 2000. Sa voix autotunée, pitchée et modifiée au possible rend également sa musique difficile d’accès. Dans l’une des vidéos qui lui est consacré, Le règlement défini sa musique par ces mots: “Prendre les codes des années 2000, les appliquer au rap et les pousser au maximum”. Et cela se révèle plutôt vrai. Sa musique plonge dans une sorte de nostalgie de la décennie 2000.

« Winnter » is coming.

Pourtant c’est bien en 2023 que sort Winntermania. Un court album de 30 minutes et 12 morceaux. Sans changer son art, Winnterzuko s’est renouvelé. Il a gardé un BPM rapide et ses placements rap mais a ajouté une touche new wave. Une goutte de mélodie, d’effets qui le rapprochent des artistes de la nouvelle génération. Comme sur utilisation de la reverb et d’hurler en arrière sur ses refrains. Ceci n’est pas sans rappeler Rounhaa ou Khali.

On retrouve d’ailleurs l’artiste bordelais sur le morceau « DIRTY », pour créer le meilleur morceau du projet. Khali met un pied dans l’univers de Zuko et dépose sa voix nasillarde sur une instrumentale électro. On retrouve également So la lune et Realo sur « LA RUCHE ». Tout comme Wasting shit en featuring, tous appartiennent à la génération terrible. Dans les paroles, contrairement à sa musique dansante, Winnterzuko semble triste, peiné. Ses textes content sa jeunesse, ses peines de cœur ou sa misère.

”Tellement de sang sur le jogging, je l’ai jeté direct, j’l’ai même pas lavé”

« SUZUKI »

L’ambiance de l’album est paradoxale. Faut il danser ou pleurer avec lui ? A vous de choisir. Ce paradoxe fait également partie de la richesse de l’artiste. Même si sur « VAN GOGH », le piano nous invite clairement à se morfondre. De la même manière que Stromae nous fait danser sur « Papaoutai » ou « Formidable », Zuko chante le manque de figure paternelle sur « PAPA T OU ». Il dédicace d’ailleurs l’artiste belge qui a été condamné à annuler sa tournée à cause de sa santé.

“Papa t’es où comme si j’étais Stromae”

« PAPA T OU »

Faire danser sur des textes tristes, voilà une des forces et particularités de cet artiste. Winnterzuko est spécial, niché, peu accessible, mais Winntermania semble toucher un public un peu plus large qu’avant. Le début de quelque chose ?

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