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« La vie augmente »: l’extraordinaire trilogie de Isha !

Régulièrement, nous vous délivrerons un petit billet sur un des albums qui a marqué l’un des membres de l’équipe, quelle que soit son année de sortie. Aujour’hui, on se consacre à la trilogie de Isha, « La vie augmente ».

En 4 ans et 3 projets, le belge nous a sorti une des meilleures série de projets qu’il y ait eu dans l’histoire récente du rap français: « La vie augmente » en 2017, le vol. 2 en 2018 puis le dernier volet en 2020! Le nom de ce triptyque est emprunté à une phrase issue du film « la vie est belle » réalisé en 1987 par Ngangura Dieudonné Mweze, l’oncle d’Isha

Une trilogie avec un vrai fil conducteur et une évolution certaine comme en témoigne les 3 covers!

Celle du volume 1 est une photo en plan très serré du rappeur lui même ou l’on voit le bas de son visage laissant apparaître son sourire et ses dents du bonheur. Une façon d’imager le côté personnel de l’EP.

Concernant celle du 2eme tome, c’est toujours le sourire de celui que l’on appelait avant « PSmaker » qui s’affiche, mais cette fois ci sous la forme d’une radiographie laissant présager un côté encore plus introspectif et plus profond.

La cover du dernier épisode est plus surprenante: on y voit le bas du visage d’Isha mais version robot façon « Terminator« . Peut être pour illustrer l’évolution du belge venu exterminer pour de bon le rap Game a moins que ce ne soit pour montrer un détachement plus mécanique vis à vis de la vie et de ses aléas!

La vie, ses hauts et ses bas, et l’élévation dans celle-ci , que ce soit mentalement ou socialement. C’est d’ailleurs le thème récurent de cette trilogie et le fil conducteur qu’à choisi le belge! Il parle donc de sa jeunesse, d’amour ou de manque d’amour, d’amitié, de la colonisation, de la rue ou de son ascension sociale via la musique de façon personnelle , mais sans jamais vraiment s’étendre sur le sujet.

Il réussit à faire  passer ses messages les plus intimes  à coups de punchlines, de phases humoristiques sans s’apitoyer sur son sort et utilise une écriture imagée et parfois très fine  pour témoigner de sa jeunesse matériellement humble comme dans le titre « Frigo Américain »! L’évolution musicale entre les 3 opus est raccord avec ce que l’on voit sur les covers.

Sur le vol.1 de La vie augmente, c’est un Isha froid au flow précis et sans fioriture qui cisèle les grosses prods réalisées par JeanJass, Eazy Dew ou Ozhora Miyagi… 10 morceaux parfois introspectifs, parfois plus détachés, souvent limite hardcores dans les tournures mais toujours déroutants avec une écriture maîtrisée et où on ne retrouve qu’un seul invité, son compatriote JeanJass.

L’évolution est palpable sur le volume 2 sur lequel le rappeur garde sa capacité à découper les instrumentales mais y apporte un côté plus mélodieux même chantant sur des prods signées BBL ou EazyDew (encore lui..)! L’introspection est plus marquée, plus profonde et contrastée comme les couleurs le sont sur une radiographie. Toujours aussi sincère, le rappeur affiche toutes ses contradictions.

Il se lâche avec une apparente nonchalance sur tout ce qui pèse sur son être: la mort, la relation avec ses parents, la vie de rue, ses démons personnels, l’amour et les femmes aussi. Et pour mieux exprimer tout cela avec le détachement qu’on lui connaît, il a donc varier la forme et inviter plusieurs artistes comme Caballero et JeanJass, le Suisse Makala et Zwangere Guy.

Sur le 3eme et dernier volume, on sent que la vie a augmenté et le niveau du rappeur aussi! Si la qualité des 2 précédents volets était déjà certaine, le troisième est une totale réussite! 

Tel le robot présent sur la cover, Isha arrive froid , se réfugiant dans la solitude, se sentant même un peu à l’écart de ses congénères et du monde qui l’entoure! Cette solitude est en fait de façade puisque même si il ne fait que la suggérer, il existe tout de même une certaine empathie pour les autres chez l’artiste d’origine congolaise.

Atteignant la forme finale de sa mutation, Isha exorcise ses derniers démons et n’hésite pas à élargir encore sa palette musicale pour traiter brillamment et avec poésie de sujets comme la cocaïne ou l’esclavage et la colonisation! Une masterclass produite entre autre par Eazy Dew, le Katrina squad ou Sofiane Pamart, sur laquelle il martèle à grands coup de métaphores et autres figures de style qu’il mérite son nouveau statut et qu’il en a bavé pour en arriver là! Un nouveau statut conforté par les noms des featuring présents sur ce projet où on retrouve Green Montana et les très bankables PLK et Dinos.

Chacun des 3 volets s’ouvre et se ferme avec un morceau introspectif à l’écriture incroyable qui colle parfaitement au thème « La vie augmente » et assure très bien la transition entre ces 3 projets offrant une cohérence certaine à l’ensemble!

Le triptyque « LVA » est un ensemble tellement dense et long à digérer pour en saisir toutes les nuances que l’on peut aisément comprendre pourquoi le rappeur a choisi de le diviser en 3! Et puis, aurait il pu mettre toute son son âme et avoir assez de recul si il en avait fait un seul et unique projet? Le résultat lui donne de toute façon raison puisque « La Vie Augmente » est un magnifique ensemble et procure à lui seul à Isha une discographie de très très haut niveau.

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