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« Nouvelle école » : redoublement demandé

Ce 5 Juillet 2022 est synonyme de révélation des résultats du Bac. Nous avons donc trouvé qu’il s’agissait de la bonne journée pour établir un constat sur le programme Nouvelle école diffusé sur Netflix. Entre travail bâclé et candidats pas aux niveaux, cette promotion rap 2022 de la plateforme au N majuscule rouge n’obtient pas de bons résultats. Bilan d’un rendez-vous manqué.

Le rap, ou du moins ce à quoi on l’assimile, est (re)devenu un genre musical très vendeur depuis plusieurs années. Il a surpassé les autres genres musicaux en devenant la plus écouté par les jeunes. Cette jeunesse grandit aussi avec une nouvelle façon de consommer les programmes audiovisuels. Les chaînes de télévision classiques devenues désuets, cette génération préfère largement utiliser des plateformes de streaming comme Amazon Prime ou Netflix. C’est sûrement grâce à ce constat qu’est né l’idée de créer un télé-crochet façon rap. Un genre de The Voice ou de Star Academy du rap. Si beaucoup d’ingrédients étaient réunis pour que Nouvelle école soit un succès en terme d’audience, ce sont ces mêmes éléments qui nuisent à la qualité du programme.

Niska, Shay, SCH : l’équipe de jury de Nouvelle Ecole

Une équipe pédagogique peu compétente

Tout commence par le jury. L’émission avait été annoncée il y a plusieurs mois déjà. Et la seule chose mise en avant était alors le nom des 3 membres du jury. Le choix de Shay, Niska et SCH n’est évidemment pas anodin. Ces 3 artistes devenus des stars du rap sont évidemment là pour attirer un maximum de spectateurs. Et plus que de simples juges, en fait, ils se révèlent être les stars de ce programme. Ils sont plus présents à l’écran que les candidats. 

Chacun a le droit d’aimer ou non la musique de Shay, SCH et Niska. Cela reste une question de goûts. On devrait en revanche tous être unanimement d’accord sur la piètre qualité des juges. Les avis et les commentaires des 3 jurys (un peu moins pour SCH) sonnent désastreusement creux Peut-être aurait été plus judicieux d’intégrer au jury des rappeurs plus « anciens », des beatmakers, des producteurs ou des représentants de labels ou de maisons de disques. D’autres professionnels du rap apporteraient une expertise différente, mais cela serait en dépit de la notoriété des jurys et de leur incarnation du programme.

Une promo 2022 pas au niveau

Le problème de Nouvelle école réside aussi dans le choix des candidats. Et pour une partie d’entre eux, ils ont été sélectionné directement par les candidats. Même si on ne peut pas s’empêcher de penser que les choix sont plus ou moins dictés par la production. Et ces choix sont plutôt discutables. Plus de la moitié des candidats ont un niveau très moyens. Sans citer de noms, parce que les afficher n’est pas le but, on peut affirmer sans trembler qu’il est facile de trouver en France des centaines de rappeurs bien meilleurs que les artistes qui sont choisis pour se rendre à Paris. On se demande par exemple comment Shay a pu laisser sur le côté Ben PLG. Le Nordiste livre un freestyle bien au-dessus de tous ceux lâchés par les autres candidats. Mais il n’avait pas assez faim, parait-il. En réalité, c’est surtout son image jugée pas assez vendeuse, qui l’a permis de se qualifier.

Mais au-delà de leurs niveaux intrinsèques, les candidats semblent à peine préparer. Une grande partie d’entre eux oublie leur texte à chacune de leur prestation. Je vous laisse imaginer si cela c’était produit à la grande époque des Rap Contenders. La carrière de celui qui aurait oublié son texte, se serait arrêtée avant même d’avoir commencé. Là, certains arrivent même à sortir des singles en surfant sur de piètres prestations. L’émission est réalisée de telle manière que même le morceau final du gagnant a l’air incroyable. Certes, il n’est pas mauvais. Il est même plutôt plaisant. Mais c’est surtout parce que le niveau depuis le premier épisode est désespérément mauvais. 

Un travail bâclé

Le chemin des candidats jusqu’à ce passage à Paris est plutôt flou. On ne saisit pas très bien par quel moyen les artistes en arrivent jusqu’à la capitale. Certains sont choisis par les jurys, d’autres débarquent de nulle part. Tout va d’ailleurs beaucoup trop vite dans Nouvelle école. L’émission suit la dynamique fast food de l’industrie musicale actuelle. Le programme est très condensé. 8 épisodes de 45 minutes où on passe plus de temps sur les tenues du jury que sur le travail des candidats. Il fallait que ça aille vite pour être consommé rapidement. Même quand des efforts sont faits, la démonstration est bâclée. Par exemple, les coachs sensés aiguillés les candidats sont plutôt bien choisis. Youssoupha, Kohndo ou Fianso sont des gages de qualités. Mais leurs apparitions, enfin du moins ce que l’on en voit sont bien trop rapides pour être efficaces et pertinentes. Et tout est comme ça dans Nouvelle école.

On peut déjà se demander s’il est pertinent, du moins en France, de réaliser un télé-crochet sur le rap. Les candidats de l’émission sont le reflet d’une nouvelle génération de rappeurs plus attiré par la mode du rap et la gloire qu’apporter leur pierre à l’édifice de la culture rap. Et si l’on se pousse à admettre que ce type d’émission est une bonne idée, alors autant en confier la réalisation à des gens qui connaissent le rap. Des personnes qui vont prendre soin de faire un programme aux gens qui aiment le rap. Avec Nouvelle école, on a juste le droit à une énième façon de surfer sur la vague « musique urbaine ». Et surtout de faire de l’argent, on le répète, de manière bâclée. 

Mention pas bien du tout

Nouvelle école reste un divertissement, c’est vrai. Mais un divertissement d’un niveau très moyen qui ne rend pas hommage au rap et à son histoire. Il a sûrement rendu des services financiers à Netflix et donner de la visibilité à certains artistes ayant participé à l’émission. Mais si l’intention était d’instaurer un programme récurrent qui ferait découvrir le futur grand rappeur de demain, la plateforme a loupé le coche. Même si une saison 2 est déjà annoncée. Et autant vous dire qu’ici, on en attend plus rien. A moins que de réels efforts soient faits au niveau des candidats, la réalisation et l’aspect critique des membres du jury. Évidemment, là-dessus, on a de très gros doutes. Car même en redoublant, il est peu probable que la prochaine cuvée soit au-dessus de celle de cette année si la recette utilisée reste identique.

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