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Ben PLG – « Parcours accidenté » : Nuages bas, verbe haut

2 années après Pour la gloire et un peu plus d’un an après Dans nos yeux, Ben PLG est de retour avec Parcours accidenté. Un album qui se situe dans la droite lignée de ses 2 précédents opus. Chronique d’un album introspectif aussi triste que porteur d’espoir.

« Le ciel est la limite ! » Beaucoup d’artistes ou de sportifs aiment utiliser cette expression lorsqu’il s’agit de ne pas se fixer de barrières concernant l’accomplissement de leur art. Ben PLG est de cette catégorie. Mais les nuages bas qui obstruent l’horizon de son Nord natal pourraient pourtant l’empêcher de voir plus loin. 

Le ciel gris, le froid, la misère sociale font parti des clichés que tout le monde ressort lorsque l’on parle de la région récemment renommée Hauts-de-France. Ben PLG les utilise d’ailleurs magnifiquement dans Parcours accidenté. Un opus de 13 titres que l’on qualifiera de très introspectif. La prouesse se situe d’ailleurs là. De toute évidence, livrer un album aussi personnel tout au long des 42mn que dure le projet sans être redondant ou chiant est un véritable tour de force. 

Le natif de Villeneuve d’Asq évoque ses blessures personnelles et son parcours accidenté de façon touchante, avec une pudeur certaine mais non sans quelques traits d’humour.

Journaliste au micro

Ben est un conteur d’histoires. En effet, il narre le quotidien des gens du Nord en usant avec justesse des clichés énoncés plus haut en commençant par la météo. Les noms des morceaux « L’orage et la foudre », « En dessous des nuages » et « Pas du bon côté du soleil » sont le reflet du poids de la météo dans le Nord du pays.

Le climat social et le manque d’argent occupent également une place importante dans les histoires racontées par le rappeur. Le morceau « Un bon p’tit salaire » suffit à résumer l’omniprésence de ce sujet dans l’album. Son sens de la formule lui permet de faire allusion aux fins de mois difficiles. Pour cela, il redouble de phases chocs mais sans jamais faire dans le misérabilisme.

« Ma carte bleue fait du suspens. Mon compte en banque fait pas de surprises« 

« Né pour briller »

Sur Parcours accidenté, Ben PLG se pose en journaliste. Il nous délivre un véritable reportage audio sur la vie de ceux qui l’entourent. C’est d’ailleurs ce qu’illustre la cover du projet.

Cette façon de traiter du quotidien de ces personnes dont l’horizon est pavé de briques rouges, n’est pas sans rappeler Bekar, un autre rappeur du Nord. Ce n’est donc pas une surprise de le voir s’inviter sur le titre « Tant que ça va ». 

Bousillé au rap

Il est vrai que ces thèmes récurrents pourraient paraître dissuasifs au premier abord. Mais c’est sans compter sur le fait que Ben PLG rappe plus que bien. Il s’adapte en effet à plusieurs type de prods. Des sons plus up tempo voir électro comme « Chrysalide » viennent apporter de la variété au projet. Les instrus de l’opus sont l’œuvre de Lucci, réalisateur de l’album, et de Murer. Jeoffrey Dandy vient compléter la liste des beatmakers. Sur « Les préférés de la cantinière », en feat avec Djalito, il nous propose d’ailleurs un pur moment de kickage.

De de cette façon qu’on reconnaît que le Nordiste est un bousillé de rap. Il n’y a qu’à relever toutes les références à d’autres rappeurs ou classiques du rap hexagonal. Le jeu de mot qui sert de nom au morceau « Vivre ou mourir à Dunkerque » en est sûrement la plus belle preuve. 

D’autres références ont retenu notre attention et nous conforte dans tout le bien que l’on pense de Ben PLG, celles faites à Salif, Niro et Nessbeal. Le rappeur a un profond respect pour ses trois artistes. Toutes proportions gardées, il y a même certaines ressemblances entre eux, du moins en terme d’authenticité et d’interprétation. Et qui de mieux comme modèle que le rappeur de Boulogne et NE2S lorsqu’on rappe le désespoir ? En terme d’interprétation, le sommet de l’album est le plein d’ambition « Né pour briller ».

« J’écoute Salif , Prolongations. J’ai des frissons à chaque phase, à chaque passe, à chaque couplet. »

« Né pour Briller »

L’évolution musicale de Ben PLG pourrait amener à une autre influence, SCH. En effet, comme dit précédemment il rappe bien. Mais sur ce nouvel album, il se permet aussi de tendre vers le chant. Mais sans exagération. Cela lui permet surtout de choisir la meilleure mélodie au bon moment pour faire passer ses émotions et mettre en musique le quotidien de la classe ouvrière. Et comme chez le rappeur d’Aubagne, on retrouve un attachement poignant à sa mère.

Évidemment, Ben PLG possède sa propre personnalité et sa propre plume. Son style s’affine au fur et à mesure des projets. Avec Parcours accidenté, il a incontestablement passé un cap qui devrait, on l’espère, rendre sa musique moins confidentielle. Mais pour qu’elle explose enfin aux oreilles de tous, Ben PLG aura peut être besoin d’élargir son horizon, au moins en ce qui concerne les thèmes abordés. Histoire de ne pas tourner en rond. Et alors les nuages disparaîtront pour que le ciel devienne sa limite.

4 réponses sur « Ben PLG – « Parcours accidenté » : Nuages bas, verbe haut »

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