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L’Odyssée du rap français: des années 80 au premier âge d’or

Des prémices à son âge d’or de 1995 à 2002, le rap français a connu plusieurs étapes. Décryptage d’une période où le rap s’est créé sa propre identité pour coller à une réalité de sa jeunesse hexagonale.

Né dans les années 70 dans le Bronx, à New-York, le mouvement Hip Hop connaît son premier essor en France dans les années 80. L’un des premiers faits marquants est la grande tournée, New-York City Rap Tour. Le journaliste musical Bernard Zekri et son acolyte britannique Lady Blue, organisent en 1982, la première tournée pour cette culture encore naissante. La jeunesse française découvre alors les différentes branches du Hip Hop grâce aux artistes venus du Bronx. Futura 2000 expose ses talents de graffeur, les breakeurs Rock Steady Crew démontrent leur pas de danse et Afrika Bambataa assure la musique aux platines. Toujours à cette période, Sidney anime en 1984, l’émission H.I.P H.O.P, pour promouvoir cette culture et faire danser les jeunes Français, chaque dimanche sur TF1.

Les prémices

La culture Hip Hop a le vent en poupe. Les idoles américaines comme Eric B. & Rakim, Run DMC, LL Cool J, NWA exporte leur rap dans le monde. Certains jeunes français s’essaient alors à l’exercice du rap, mais toujours en anglais. Parmi les pionniers du rap en français, on se doit de citer Lionel. D. Originaire de Vitry-sur-Seine, il popularise le rap dans la langue de Molière grâce à l’émission Deenastyle, qu’il coanime avec le DJ, DeeNasty sur Radio Nova.

A la fin des années 80, cette première émission met en lumière le rap français, encore à ses balbutiements, en invitant différents artistes. Assassin, MC Solaar, les Suprême NTM ou encore les Little MC font leur première apparition en freestylant en français. L’émission mythique fait office de laboratoire pour le rap français. Par conséquent, elle ouvre des perspectives à tous ceux qui souhaitent rapper, mais ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare. De son côté, Lionel.D sort en 1990, son unique album, Y’a pas de problème. Malheureusement, il est laissé de côté par le milieu du rap français et disparaît de la scène musicale. Il décède en 2020 et est enterré dans sa ville de naissance, Vitry.

Dee Nasty et Lionel D

Rap à la française

Le rap français est né, mais il reste un genre encore underground, avec quasi, aucune trace discographique. Au début des années 90, l’industrie musicale flaire le coup et commence à s’intéresser au rap. Labelle Noir, entité de Virgin Records, publie en 1990, Rappattitude, la première compilation du rap français. Le disque réunit plusieurs acteurs de l’époque, comme Assassin, Suprême NTM, EJM ou encore Tonton David. La compil’ connaît un véritable succès d’estime et pose les bases d’un rap à l’identité française.

Le morceau d’Assassin « La Formule Secrète » qui ouvre le disque, est une belle illustration du rap français des débuts. Rockin’ Squat et Solo déclament leur verbe avec style et attitude, sur une musique funky et un refrain composé de scratchs.

De 90 à 1994, le rap français se fait doucement sa place dans le paysage musicale français. Avec leur premières sorties, Assassin, IAM, MC Solaar, Suprême NTM deviennent les premiers acteurs à poser une identité à la française sur l’import du Hip Hop. Issu, pour une majorité, de la jeunesse des quartiers populaires, les textes reflètent aussi les problématiques spécifiques à l’Hexagone. Le racisme, la stigmatisation des enfants d’immigrés, la ghettoïsation sont des sujets récurrents. Le titre phare de NTM, « Le Monde de demain » issu de son premier, illustre ces problématiques et devient un hymne pour cette jeunesse.

Une identité à la française ?

Pour autant, en terme de style, le rap français a le regard toujours tourné chez son voisin outre-Atlantique. Que ce soit au niveau de la musicalité que du style vestimentaire. Les Marseillais d’IAM, lorsqu’ils débarquent avec leur premier album, De la Planète Mars, ramènent leur environnement de la cité phocéenne, mais s’inspirent, du son new-yorkais de l’époque, notamment The Bomb Squad, les architectes sonores de Public Enemy. Dans les premiers albums de MC Solaar confectionnés par Jimmy Jay et Boom Bass, on retrouve cette utilisation du sample de leurs homologues américains, en puisant dans la soul et le jazz. Avec son rap mélodique et son art des mots, Solaar devient la première superstar du rap français, dépassant même son cadre.

A contrario de l’image de gendre idéal de Claude MC, le Ministère AMER joue à fond sa carte de banlieusard. Leur deuxième opus, 95200, est un album qui transpire l’identité des quartiers de France. Avec leur son plus rugueux, les Sarcellois Passi et Stomy Bugsy parlent de leur mode de vie de lascar et dragueur de meufs.

Dans la première partie des années 90, le rap français construit petit à petit son identité, à travers différentes sorties hétéroclites.

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