Le 1er juillet prochain, sort en salle Salam, le documentaire sur Diam’s. Alors que l’ancienne rappeuse revient au cœur de l’actualité, retour sur la carrière incroyable de celle qui est devenue une immense star de la chanson française dans les années 2000.
Mélanie, plus connue de tous sous le nom de Diam’s est de retour dans l’actualité. Pas pour un nouvel album, non. Elle a définitivement raccroché le micro il y a plus de 10 ans. C’est avec un documentaire sur sa vie intitulé Salam qu’elle réapparaît. Un film d’abord présenté tout récemment au festival de Cannes sur lequel elle parle de sa carrière mais surtout des raisons qui l’ont poussé à arrêter. Sa conversion à l’islam a provoqué un raz de marée médiatique avec malheureusement son lot de haine. On en oublierait presque qu’avant cette étape de sa vie, Diam’s était avant tout une excellente rappeuse. Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance. Comment est-elle devenu une méga star du rap francophone ? Est-ce juste grâce à des singles grands publics ? Ou avait-elle tout simplement un truc en plus ?
Des premiers pas classiques
La jeune femme ayant grandi dans le 91 commence le rap dans les années 90 alors qu’elle n’est qu’une adolescente. Dans un milieu encore très masculin, elle parvient néanmoins à se faire une place en intégrant la Mafia Trece. C’est avec le collectif de Paris Sud qu’elle laisse ses premières traces discographiques. Déjà, elle démontre un vrai potentiel. Sa jeunesse compliquée et un environnement dans lequel elle a du batailler, sont à la base de son rap. Car oui, Diam’s kick dur. Autant voire mieux que les mecs qui l’entourent. Personne à cette époque n’est capable de penser qu’elle enverrait un jour un titre comme « DJ ». On est en fait très loin d’un style de rap qui pourrait faire d’une jeune femme une star nationale. Et son discours sur un titre comme « Je plaide pour la rue » n’est pas non plus celui auquel peuvent adhérer les grands médias.
Néanmoins, une technique de haut niveau et un style affirmé lui permettent de se faire une place dans le milieu du rap. Des apparitions sur plusieurs compilations ou albums lui permettent de sortir le sien. Premier mandat, sorti en 1999, ne remporte qu’un succès d’estime mais pose les bases de la carrière de Diam’s.
De vraies qualités au micro
Le premier morceau qui fait « exploser » l’artiste se nomme « Suzy ». Sorti sur la compilation Original Bombattak, le morceau est une référence pour tout connaisseur de rap français. Dans ce track, la rappeuse interprète deux personnages en variant les flows et même les voix. Il montre toutes les qualités d’interprète et de storyteller de la rappeuse de l’Essonne.
C’est aussi avec ce morceau, qui lui permet d’ouvrir les portes des grandes majors. Elle signe alors avec Delabel via le label Hostile. Ok, Diam’s rappe dur et bien. Mais pleins d’autres rappeurs en France le font aussi. Alors, comment son énorme succès est-il né ?
Le morceau qui change tout
En 2003, elle sort son troisième album Brut de femme, le premier avec son nouveau label. Cet opus comprend un single qui va tout faire basculer. « DJ » est un titre léger, dansant, produit par Masta & Tefa et devient un énorme carton. Depuis sa signature en major, c’est ces derniers qui ont pris en main sa direction artistique. Le morceau passe en boucle absolument partout et lui ouvre les bras d’un public qui dépasse celui du rap. Avec ce morceau, elle remporte une victoire de la musique en 2004. Et surtout, elle ouvre une nouvelle dimension à sa carrière. Le virage n’est pas seulement musical. Benjamin Chulvanij, patron du label Hostile, suggère à l’artiste d’adopter un style plus commercialisable. Le look de Diam’s se retrouve transformé. Sur la pochette de son album, elle porte une coupe de cheveux courte et plus tendance. Elle se maquille légèrement et adopte un style plus féminin permettant aux jeunes femmes de pays de trouver en elle un nouveau modèle.
Le single « DJ » marque malheureusement une rupture avec le public rap. Ces derniers en oublient presque que l’album contient de très bon titres. D’autant plus que Diam’s rappe toujours aussi bien, écrit de mieux en mieux et se confie également de plus en plus. Toute une part de la jeunesse française parvient à s’identifier à cette jeune femme qui lui ressemble. Dans une période où le rap « de rue » est à son apogée, Diam’s propose une bouée de sauvetage pour le public qui ne se reconnaît pas forcément dans une expression dur du rap.
Rappeuse décriée mais star de la musique
Avec son opus suivant, Dans ma bulle, elle connaît la consécration. Elle n’est plus seulement une rappeuse. Diam’s devient une star de la chanson française. Les choix des singles sont encore orientés très grand public. « La boulette » ou « Jeunes demoiselles » sont loin de ses standards du début. Mais encore une fois, ils sont des cartons que chantent toute la journée la jeunesse du pays. Cependant, ces succès l’éloignent considérablement du public initial.
Pourtant, si on met de côté ces titres « commerciaux », Diam’s a tout ce que l’on demande à un/une artiste rap. Elle garde sa belle plume et une technique sûre. De plus, elle se montre engagée politiquement. Même si le rendu peut parfois sembler lisse, elle ne se cache pas. Et par conséquent, elle rassemble. Avec le morceau « Ma France à moi » et le fameux « Marine », elle garde cette volonté de s’adresser au plus grand nombre et notamment la jeunesse française.
Certains auditeurs lui ont reproché de faire dans la facilité. Cependant, si on se montre honnête, on est loin du volte face de Yannick, son ex compère au sein de la Mafia Trece. Même le grand écart de Stomy entre ce qu’il produisait avec le ministère Amer et son « Mon papa à moi… » mérite d’être jugé plus sévèrement. A n’en pas douter, Diam’s a de toute façon été dépassée par cette gloire inattendue. Ça a certainement contribué à la rendre malheureuse et l’a certainement poussé à opérer certains choix dans sa vie personnelle.
Pas forcément le bitume mais assurément la plume
C’est d’ailleurs quand elle a compris où se trouvaient ses priorités qu’elle a sorti son meilleur album et son dernier. S.O.S, sorti en 2009 est lui aussi un immense succès. Mais c’est surtout l’essence de ce qu’est Diam’s. Une femme fragile avec de vraies valeurs. Une artiste douée pour l’écriture qui envoie du réconfort et de l’amour à une jeunesse qui en a besoin. Un titre comme « Si c’était le dernier » qui clôt l’album est peut être son meilleur morceau. Celui qu’il faut retenir si on veut résumer l’artiste.
On aura tout entendu sur Diam’s et son succès. Que c’est la seule rappeuse en France à avoir atteint un tel statut parce qu’elle était blanche… Oui, elle l’est. Oui, elle a rencontré les bonnes personnes mais elle s’est surtout battue. Et contrairement à d’autres, elle n’a jamais montré ses fesses. Certes, d’autres rappeuses étaient aussi fortes qu’elle au micro. Mais, sans conteste, Mélanie était une de celles qui écrivaient le mieux et surtout une des plus honnêtes et sincères. Et cela des milliers de personnes l’ont ressenti. Et c’est au final, tout ce qui compte.
2 réponses sur « Diam’s: de rappeuse à star de la musique française »
[…] 2007, la France du rap est alors dominé par le style de rue. Rohff, Sinik et Diam’s sont les têtes d’affiche d’une l’industrie en pleine crise du disque. L’heure n’est pas […]
[…] partie. Il signe notamment la prod de la belle balade « Par Amour » sur lequel il sample Diam’s. Grâce à un panel de producteurs sur l’album, de longue date (Twenty9) et plus dans la hype […]